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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/606

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rester indéterminé, et que s’arrêter à de semblables concepts, c’est constater qu’il y a un problème à résoudre, mais non résoudre ce problème. La métaphysique, M. Wundt le répète à chaque instant, ne peut trouver que dans l’expérience les éléments des hypothèses, par lesquelles elle essaye de résoudre la question de l’unité des choses. C’est dire que deux systèmes ontologiques seulement sont possibles : le matérialisme, qui fait rentrer le sujet dans l’objet, et un système qu’on pourrait appeler psychisme, qui ramène l’objet au sujet.

Pour nous décider entre ces deux systèmes, il faut bien nous rendre compte des résultats auxquels nous a conduits la métaphysique de la psychologie. Nous ne connaissons par intuition directe, c’est là un fait d’évidence, que nos états de conscience, et nos états de conscience sont ou des représentations ou des volitions. Or nous avons vu que c’est la représentation qui s’explique par la volonté et non la volonté par la représentation. Mais nous savons d’autre part que le monde objectif, le monde matériel n’est autre chose que la représentation débarrassée de ses éléments subjectifs et réduite par l’entendement à des concepts. Dire que la représentation s’explique par la volonté et non la volonté par la représentation, c’est donc en somme affirmer implicitement que c’est le monde matériel qui s’explique par l’esprit et non l’esprit par le monde matériel. Nous sommes par conséquent en droit de considérer l’hypothèse matérialiste comme réfutée par les principes déjà posés. La substance matérielle est un concept formé par l’esprit pour rendre intelligible le système de nos représentations ; si nous sommes bien convaincus de cette vérité, il ne pourra même pas nous venir à la pensée d’expliquer l’esprit par la matière. Mais il est bon d’ajouter que cette manière de raisonner ne peut paraître probante qu’aux philosophes qui voient dans la volonté l’essence de l’âme et dans la représentation, dans le concept surtout, l’œuvre de cette volonté ; de telle sorte que le matérialisme ne peut avoir d’adversaire plus redoutable que la philosophie de la volonté.

En résumé, les conclusions de la métaphysique psychologique nous conduisent inévitablement à une conception idéaliste ou plus exactement psychiste de l’essence des choses (car M. Wundt se défendrait certainement d’être idéaliste). Si on nous demande : qu’est-ce qui existe en dehors du sujet, quelles sont les réalités qui agissent sur lui et développent dans sa conscience ces représentations qu’ensuite il élabore et élève à la dignité de concepts ? une seule réponse, après tout ce que nous avons dit, est possible : La psychologie métaphysique considérait la représentation comme un moyen de communication entre les volontés, par conséquent comme