qui peuvent l’éclairer, et je crois être parvenu cette fois à des résultats qui satisfont aux conditions d’une démonstration rigoureuse au double point de vue phonétique et logique.
Je serai obligé pour les exposer de recourir à des arguments d’ordre technique ; j’espère qu’ils n’effrayeront pas le lecteur et ne l’empêcheront pas d’essayer de me suivre.
II
Une remarque dominera toute la discussion dans laquelle je vais entrer : c’est que la construction composée où le premier mot composant est invariable, a dû procéder de la même origine que la composition à mots séparés, qui se distingue de la précédente en ce que tous les termes qui la constituent sont fléchis, ou porteurs des désinences casuelles exigées par les fonctions grammaticales dont ils sont revêtus.
Des exemples vont préciser les détails de syntaxe que j’ai en vue.
En grec, par exemple, on peut désigner le parricide, soit au moyen d’un composé de deux mots réunis sous un même accent, comme πατρο-φονεύς, « meurtrier de son père », dans lequel le mot initial πατρο « père » est invariable ; soit à l’aide des deux mêmes mots, πατρός φονεύς, séparés l’un de l’autre et dont le premier prend en ce cas la désinence du génitif singulier nécessitée par le rapport significatif et syntactique dans lequel il se trouve avec le mot qui raccompagne (φονεύς « meurtrier »).
On voit qu’en pareil cas, il n’y a qu’une différence extérieure entre les deux locutions, le sens est identiquement le même, et la pensée est une sous les deux costumes qui la revêtent. Or, il est invraisemblable à priori que ces deux constructions, dont le parallélisme se constate aussi haut qu’on remonte dans l’histoire des idiomes indo-européens de première formation, soient issues de procédés linguistaires distincts. À moins d’admettre une sorte de dédoublement des facultés logiques chez les nations où cette dualité de moyens d’exprimer une même idée a pris naissance, on ne saurait supposer qu’au début, tantôt on ait fait sentir le rapport qui unit les deux mots πατρο et φονεύς en les mettant purement et simplement en union intime l’un avec l’autre, et que tantôt il ait été jugé nécessaire, pour obtenir le même résultat, de donner au premier la forme particulière qu’il prend chaque fois qu’il est chargé d’exprimer un rapport analogue à celui qui existe entre πατρός et φονεύς ; avec le mot qui l’accompagne. En d’autres termes, le double emploi des constructions dont il s’agit