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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/94

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tent, sans se confondre jamais complètement. Ainsi l’homme religieux et le savant, l’homme privé et l’homme public. Moins est grande l’influence coordinatrice du système dominant, plus la lutte est égale entre les différents moi, moins la personnalité est fortement constituée.

Le corollaire et le complément de la loi d’association est la loi d’inhibition systématique : tout phénomène psychique tend à empêcher de se produire, à empêcher de se développer ou à faire disparaître ceux qui ne peuvent s’unir avec lui selon la loi d’association systématique, c’est-à-dire qui ne peuvent concourir avec lui à une fin commune. Ainsi un petit nombre seulement de toutes les impressions sensibles qui frappent nos sens arrive à déterminer la mise en activité de l’esprit ; la plupart sont inhibées par l’influence d’un système qui ne peut s’accorder avec elles. L’existence des idées et des images implique aussi l’inhibition des mouvements ou des hallucinations qu’elles tendraient à provoquer. En outre, l’idée que nous avons d’un objet est toujours plus ou moins abstraite, en rapport avec le point de vue duquel nous le considérons : une foule de caractères qui seraient inutiles dans cette circonstance ne sont pas présentés, inhibés par la tendance dominante. De même un jugement en arrête un grand nombre d’autres : quand nous affirmons un attribut d’un sujet, nous ne pensons que peu ou pas à ses autres qualités.

Lorsqu’une idée fait partie des agrégats fondamentaux qui constituent la personnalité, toutes celles qui seraient capables de l’ébranler sont inhibées. Les idées fixes des fous exercent au plus haut point cette action sur les états en contradiction avec elles.

L’inhibition s’exerce encore sur les phénomènes affectifs et les tendances : une préoccupation forte, une passion empêchent souvent toute nouvelle tendance de s’organiser et, inversement, celles qui réussissent à s’établir dans l’esprit le font au détriment des anciennes. Celles-ci persistent à l’état latent, attendant une occasion favorable pour renaître. C’est pour cela que les habitudes de l’enfance peuvent reparaître dans la vieillesse et que, chez les fous et les idiots, on observe quelquefois un retour des tendances animales.

L’inhibition est aussi un des caractères du pouvoir personnel : l’essai d’une tendance par les autres qui cherchent à se systématiser avec elle aboutit, quand l’accord est impossible, à un arrêt partiel ou total des anciens états ou du nouveau. L’attention implique également l’arrêt plus ou moins long des phénomènes qui pourraient la détourner.

Enfin, dans la personnalité la mieux organisée, nous trouvons la forme la plus complète de la systématisation et de l’inhibition. Un groupe prépondérant de tendances associées règne seul dans l’esprit, arrêtant systématiquement tous les éléments contraires, inutiles ou même simplement indifférents à l’orientation principale.

Une troisième loi, qui est comme la combinaison des deux précédentes et qui tient aussi une place importante dans la vie mentale, est la sui-