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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/95

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ANALYSES.paulhan. L’activité mentale, etc.

vante : un état psychique tend à être accompagné (contraste simultané) ou suivi (contraste successif) d’un état qui lui est opposé et qui est, au moins à certains égards, son contraire.

L’association par contraste simultané se manifeste dans les états vifs par l’aptitude de l’esprit à éprouver plus facilement une sensation opposée à la sensation actuelle. On constate aussi, dans le domaine des faits intellectuels, que toute idée qui vient heurter des croyances antérieurement établies tend à leur donner plus de force. Toutes les fois qu’un système se sent menacé, il réagit d’autant plus vivement que l’attaque est plus forte. N’importe quelle idée, d’ailleurs, éveille l’association par contraste : grand, par exemple, n’est intelligible que par rapport à petit.

Dans certains états morbides, l’influence de l’association par contraste est amoindrie ; elle est exagérée dans d’autres. Dans l’état de crédulité des hypnotisés, elle disparaît presque entièrement. C’est le contraire qui a lieu dans la folie du doute, où n’importe quelle idée éveille immédiatement l’idée opposée.

Les tendances, par cela même que l’idée d’un acte suscite celle des inconvénients qu’il peut entraîner et, par suite, la tendance contraire, sont aussi sujettes à l’association par contraste. Celle-ci garantit la stabilité de l’organisation mentale en ne laissant s’établir que les idées et les tendances qui s’accordent avec un nombre considérable de phénomènes déjà coordonnés.

L’association par contraste successif se montre dans les sensations, par l’apparition, après une impression visuelle ou autre, de l’état complémentaire ; dans le domaine des tendances, par la réaction de celles qui ont été trop longtemps comprimées ou par la résistance de celles qu’un nouvel état tendrait à détruire. Ainsi l’ennui succède au plaisir et, d’une manière générale, toutes nos fonctions tant physiques que psychiques sont plus ou moins soumises à la loi du rythme. Il est aisé de comprendre, du reste, comment l’association par contraste se ramène aux deux lois principales déjà établies. On pourrait la définir : une association systématique déterminée par une activité sur laquelle s’exerce une inhibition incomplète.

Il reste à examiner les associations par contiguïté et ressemblance, auxquelles les associationistes ont voulu réduire toutes les opérations mentales. On peut se demander d’abord, si elles suffisent à expliquer tous les phénomènes de l’esprit ; ensuite, si les associations de phénomènes semblables s’effectuent à cause de leur ressemblance ou à cause de l’association systématique impliquée, dans la plupart des cas, par leur similitude même. On ne peut répondre que négativement à la première question. Un même état peut, en effet, réveiller par contiguïté ou ressemblance un nombre incalculable d’idées diverses. Qu’est-ce qui déterminera le choix entre les différentes associations possibles ? Il est facile d’apercevoir que celles-là seules se produiront qui pourront s’harmoniser avec les impressions dominantes ou l’organisation prééta-