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ANALYSES.œzelt-newin. Phantasie Voustellungen.

2o Chez les animaux, l’exemple le plus frappant d’imagination est celui de la construction des nids par les oiseaux. On y reviendra dans l’appendice.

3o Quant aux enfants, le jeu, dans les premiers temps, épuise tout l’effort d’imagination dont ils sont capables. M. Œ.-N. remarque avec raison après Mme Necker, que leurs jouets les amusent d’autant plus qu’ils laissent plus de marge à leur fantaisie. J’avais un petit voisin, de trois à quatre ans. Il venait me trouver et médisait : Fais-moi un chien. Je froissais un journal, que je liais d’une ficelle. Voilà un chien dans la compagnie duquel le bonhomme se plaisait beaucoup plus que dans celle de Toto. Venait-il me faire faire une vache ? Je la confectionnais de la même manière ; et il traînait le tout après lui, comme si les informes morceaux de papier avaient été de vrais animaux. Parfois cependant l’étrangeté de ces bêtes le faisait rire d’un air malin ; et il exigeait des corrections ; mais ce qui le réjouissait alors, c’était semble-t-il, non pas la ressemblance, plus fidèle maintenant, du morceau de papier et de l’animal ; mais la constatation qu’il avait faite, d’une différence vraiment ridicule entre les modèles qu’il connaissait et les copies imparfaites que je me permettais de lui fournir. — Cependant il ne faudrait pas croire que l’imagination des enfants eût une vivacité extraordinaire : elle manque de souplesse, et se plaît toujours aux mêmes constructions.

Un peu plus tard, l’imagination se déprime : les petits enfants, remarque Lombroso, crayonnent beaucoup plus de bonshommes que ceux qui sont déjà plus grands.

Vers quatre ans, survient une recrudescence d’imagination, marquée, suivant M. Œ.-N., par la peur. M. Œ.-N. emprunte plusieurs exemples à Preyer, à Darwin, à Rousseau, à Hebel, à ses propres souvenirs. Mais parfois la peur est beaucoup plus précoce ; j’en ai remarqué un cas indubitable chez ma petite fille quand elle n’avait guère que deux mois. Elle était tranquille sur les genoux de sa nourrice. J’étais assis à côté ; à un moment donné, comme elle me regarda, elle vit la lumière de la lampe briller dans mon binocle ; elle se mit à pousser des cris d’épouvante. Et, bien qu’elle n’ait que dix mois, depuis longtemps elle se met à crier, dès que subitement on parle d’une voix un peu forte.

En même temps, selon M. Œ.-N. les enfants ont des hallucinations, des cauchemars, comme les grandes personnes. — Dans tous ces cas, normaux ou anormaux, l’imagination des enfants produit sans doute des représentations où la réalité est agrandie et altérée de toutes façons.

Vers huit ans, parfois plus tôt, l’imagination subit une modification importante : elle devient sexuelle, avant même le développement complet des organes génitaux. M. Œ.-N. cite de nombreux et terribles exemples de précocité… Ces affections, aussi bien que la peur, sont tout d’abord des tendances indéterminées (objectlose) les hasards de l’expérience viennent leur fournir à la fois une matière et des causes