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ANALYSES.œzelt-newin. Phantasie Voustellungen.

seulement mieux réglée : comparez les Brigands et le Wallenstein, de Schiller.

Au sujet des relations de l’imagination avec le corps, il y aurait lieu de traiter la question de l’hérédité de l’imagination. M. Œ.-N. distingue l’innéité de l’hérédité. La première, suivant lui, est certaine ; la seconde est douteuse. On naît artiste. Il y a des génies musicaux qui se révèlent à dix ans. Ils possèdent, dès l’origine, les qualités nécessaires à la création esthétique : la finesse des sens, l’étendue de la mémoire, la vivacité des sentiments. Mais prétendre que le génie doit beaucoup à l’hérédité, c’est, suivant M. Œ.-N., outre-passer l’expérience. L’auteur s’attaque surtout, dans un langage assez vif, au rapport de 50 p. 100, qui marque, suivant M. Ribot, le nombre de grands artistes qui doivent leur génie à leurs parents. M. Œ.-N. reproche à M. Ribot de négliger l’influence de l’éducation, de compter parmi les antécédents influents, des artisans, si je puis dire, aussi bien que des artistes, des oncles, des parents dont l’imagination fut d’une toute autre sorte que celle de leurs descendants, etc., etc. M. Œ.-N., nous semble-t-il, n’est pas juste envers M. Ribot, quand il prend à la lettre ce chiffre de 50 p. 100. Tout ce que prouve, tout ce qu’a voulu sans doute voulu prouver M. Ribot, par le tableau de 51 artistes et de leurs antécédents, c’est que l’influence de l’hérédité sur le génie créateur est plus étendue et plus fréquente qu’on ne le croyait, et que ne le croit M. Œ.-N. lui-même. Quant à exprimer en nombre le degré de cette influence, personne n’y a jamais songé. M. Œ.-N., qui, notamment dans son chapitre sur l’évolution de l’imagination, essaye d’établir quelques moyennes, sait mieux que personne combien ces sortes de nombres sont sujets à discussion.

VII. Appendice : l’imagination chez les animaux. — M. Œ.-N. étudie l’imagination, non pas chez tous les animaux, mais seulement chez les oiseaux ; encore la considère-t-il dans un acte spécial, la construction des nids. La question est double : 1o Les oiseaux sont-ils doués d’imagination ? 2o Leur en faut-il pour construire leurs nids ? — Le premier problème sera résolu si l’on peut montrer que chez les oiseaux sont rassemblées toutes les conditions de l’imagination. Les oiseaux, tout d’abord, ont des sens très subtils. Ils distinguent à de grandes distances de petits objets. Ils discernent avec finesse les différences de température. La langue est, pour eux, l’organe du toucher plutôt que celui du goût. La beauté et la variété de leur chant supposent un développement tout particulier de l’ouïe : il y a une véritable science du chant du pinson. Enfin, ce qui peut faire croire, malgré certains naturalistes, que l’odorat des oiseaux est assez subtil, c’est que les oiseaux aveugles sont parfois difficiles dans le choix de leur nourriture : cette délicatesse ne peut se mettre sur le compte que de l’odorat, le goût étant, comme on sait, très obtus chez les oiseaux. — Puis la mémoire, avec la faculté de discernement qui y est unie, n’a pas été refusée aux oiseaux. La conduite du pic, les migrations des oiseaux, les habitudes