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certain qu’Olympiodore n’avait pas entre les mains l’ouvrage d’Anaximène, improbable qu’il eût un abrégé inconnu de l’œuvre historique de Théophraste, mais il ne l’est pas qu’il disposât de quelque cahier de notes que les professeurs pouvaient se transmettre de l’un à l’autre : l’authenticité est simplement possible. D’ailleurs, Olympiodore n’attribue à Anaximène que les deux membres de phrase qui commencent à ἐγγύς et finissent à γινόμεθα. Or, il semble douteux qu’Anaximène ait pu employer le terme ἀσώματον puisqu’il n’avait pas le concept de l’incorporel, défini seulement par Aristote. Cependant il aurait pu l’employer comme synonyme de ψυχή et Théophraste aurait déjà pu le substituer à une expression différente de la même idée. Dans ce cas, la première partie, suffisamment authentique pour le fond, resterait suspecte pour la forme. Quant au terme ἔκροια, il est assez frappant pour qu’on l’attribue à Anaximène ou à un faussaire qualifié. Si on le traduit par émanation, on devra le reporter à un faussaire ; mais cette explication ne paraît pas soutenable. Il semble qu’il faut y reconnaître une métaphore parfaitement admissible chez Anaximène : « Nous naissons, aurait-il dit, suivant le flux de l’air », et il y aurait lieu de se demander si Héraclite ne lui a pas emprunté sa doctrine de l’écoulement des choses. Mais le silence des doxographes ne permet pas de l’affirmer. La seconde proposition est donc plus suspecte comme fond que comme forme.

J. Freudenthal. La doctrine de Xénophane. — Freudenthal a publié une brochure sur la théologie de Xénophane, que nous avons signalée dans la Revue critique en 1886. Il y soutenait, contrairement à l’opinion, généralement adoptée, qui voit en Xénophane le fondateur du monothéisme, que l’Eléate est demeuré un partisan du polythéisme. Dans l’article dont nous avons donné le titre, il répond à Zeller et à Diels, en essayant d’ajouter de nouveaux arguments à ceux qu’il avait autrefois employés.

P. Natorp. Sur la γνησίη γνώμη de Démocrite. — On sait à quelles discussions a donné lieu l’opposition établie par Démocrite entre la connaissance que l’on appelle claire, γνησιή et celle que l’on appelle obscure, σκοτίη, faute de meilleurs termes pour rendre les expressions grecques. Natorp soutient qu’il faut entendre par la première l’accord (Einstimmigkeit) logique de la pensée (Denkens) dirigée sur les phénomènes (auf die Phänomene gerichteten).

A. Gercke. Un prétendu fragment de Théophraste. — H. Schrader Les fragments de φιλόσοφος ἱστορία de Porphyre chez Cyrille d’Alexandrie. — L’auteur établit que l’écrit de saint Cyrille d’Alexandrie contre l’empereur Julien constitue une source qui peut fournir de nouvelles indications pour la reconstitution du livre de Porphyre dont le titre a été cité.

H. Siebeck. La psychologie de la scolastique. — Siebeck, dans deux articles importants (p. 375-390, 518-533) fait l’histoire de la psychologie