Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/459

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


QU’EST-CE QUE LA PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE ?

Grâce à l’hospitalité de la Revue philosophique, je vais essayer de faire entendre aux philosophes ce que je m’évertue en vain depuis bientôt quarante ans à faire pénétrer dans le cerveau des médecins. Toutefois ma vieille persévérance a reçu dans ces derniers temps un encouragement qui, on en conviendra, est bien fait pour l’affermir. Voyez cet hypnotisme, voyez cette suggestion, dont le premier, il n’y a guère moins d’un demi-siècle, je faisais connaître en France toutes les merveilles, toute la série des applications utiles, sans en dissimuler les dangers, et en sus une explication physiologique développée dans plusieurs gros volumes. Autant de choses sur lesquelles le monde savant s’obstinait à fermer les yeux et les oreilles ; mais, un jour, d’autres plus goûtés ont su faire accepter d’emblée et avec enthousiasme ce qui, offert par moi, n’avait obtenu que le dédain. Un pareil retour de fortune attend peut-être prochainement d’autres vues de réforme scientifique que j’expose aussi depuis un temps presque immémorial ; c’est dans cette espérance que je viens les rééditer ici encore une fois en un court résumé.


Nos physiologistes ont beau dire et beau faire, la physiologie languit encore en deçà de la grande crise de développement avant laquelle un corps de connaissances est pour ainsi dire à l’état de larve et se meut dans le chaos de l’empirisme en rampant et les yeux fermés. Non, à la physiologie les ailes n’ont pas encore poussé, et elle le doit à ce qu’elle s’obstine à rester sans méthode philosophique, cette anima scientiæ que nous avons vue infuser une vie nouvelle à la botanique, à la zoologie et à la chimie, et les transformer en un clin d’œil comme par miracle.

Est-ce à dire que la physiologie n’ait pas fait à notre époque de très importantes acquisitions, et que jusqu’à présent on n’ait pas compté de grands physiologistes ? Loin de là. Mais l’astronomie était déjà riche de découvertes avant Newton, et longtemps avant lui Philolaüs, Hipparque, Copernic, furent des astronomes de premier