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l’étude précise et suggestive qu’il nous donne, que Siegfried n’avait pas épuisé la question. Le texte est établi d’après treize manuscrits, mais surtout d’après le Vindobonensis pour la première partie et le Mediceus pour la seconde : toutes les variantes, beaucoup de passages similaires empruntés aux autres traités de Philon sont reproduits en notes. Voilà donc posée la première pierre d’un monument réclamé depuis longtemps et qui promet de répondre aux exigences des plus difficiles : souhaitons qu’on ne s’en tienne pas là, comme il arrive trop souvent et que M. C. achève la longue et considérable entreprise qu’il paraît très capable de mener à bien.

E. B.

L. Massebieau. Le classement des œuvres de Philon. Extrait du tome I de la Bibliothèque de l’École des hautes études. Broch. in-8o, 91 pages ; E. Leroux, éditeur.

M. Massebieau, qui avait publié l’an dernier un travail très remarqué sur l’authenticité du traité philonien de la Vie contemplative, nous donne le résultat de ses nouvelles études : c’est une classification méthodique des œuvres de Philon qui précède le classement chronologique auquel travaille l’auteur. M. M. a pensé qu’après Gfrörer, Grossmann et Schürer, dont il adopte et retrouve par lui-même les vues principales, il y avait encore des recherches utiles à instituer sur cette question, qu’il n’est pas permis de négliger si on veut donner une idée précise du système philonien. Mais personne en France ne lavait encore traitée et il vient de l’examiner avec une autorité toute particulière, M. M. a lu, relu, annoté la plume en main tous les textes philoniens et le fait est malheureusement si rare qu’il doit être cité. Peut-être fait-il parfois la part un peu grande à l’hypothèse, peut-être aussi Philon est-il beaucoup plus métaphysicien que ne paraît le croire M. M. ; grosses questions que nous ne pouvons aborder ici ; constatons du moins que son travail, introduction nécessaire à l’étude des doctrines philoniennes, fait honneur à l’esprit critique et philosophique de l’auteur, en même temps qu’à la science française. Il faut espérer que bientôt nos historiens ne seront plus les seuls à ignorer que Philon le Juif pourrait bien être le premier père de l’Église et qu’il est, en tout cas, le chef de toute l’école spiritualiste.

E. B.