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est exactement la même que celle du Nouveau Testament. Nous nous rapprocherions donc des idées du théologien Rothe, sans contester qu’il se rencontre, à côté d’une unité profonde, une grande liberté d’exposition chez les divers écrivains bibliques.

Le professeur Karl Fischer se rattache à la tendance que les Allemands appellent le réalisme biblique et dont le défunt théologien Beck était le représentant le plus connu. Les écrivains de cette école n’attachent qu’une médiocre importance à tout le développement de la théologie ecclésiastique et n’accordent de valeur décisive qu’aux témoignages soripturaires. « Le but de l’éducation, lisons-nous, est déterminé par la nature de celui qui doit être élevé. Toute obscurité sur la nature de ce dernier doit avoir pour conséquence l’obscurité sur le but de l’éducation. » Devant le conflit des théories pédagogiques, l’auteur croit qu’il est indispensable de revenir à « la sagesse divine, qui seule peut donner à l’éducation des indications décisives sur la nature de l’homme en même temps que sur les but et moyen de l’éducation ». De là un essai de fixer les traits d’une psycholoirie empruntée aux livres sacrés, laquelle sert de fondement à la biologie et à la pédagogie. Ce qui me semble le plus original dans ce petit traité, c’est l’essai d’établir une « biologie biblique ». J’y relève des titres qui sentent l’influence du mouvement des idées contemporaines : continuité et transmission de la vie, la croissance, la dégénérescence, l’entourage, la vie-type, la mort, le parasitisme.

M. Kaminka, élève de l’Ecole des hautes études de Paris et des Universités allemandes, nous adresse une thèse solide et nourrie intitulée : Études sur l’histoire de la Galilée[1]. L’objet précis en est la discussion, au moyen des sources talmudiques, de quelques données relatives à la ville de Tibériade. Ce sont là des matières fort dillicilcs et où l’on ne peut s’engager que grâce à une longue préparation. Quand on se trouve en présence de ces vastes compilations dressées par les docteurs juifs, il faut se demander avec une entière sincérité dans quelle mesure elles peuvent passer pour des sources historiques, dans quelle mesure, au contraire, les écrivains ont donné aux faits du passé la couleur de leur propre temps. Sous ce rapport, M. Kaminka est arrivé à des conclusions d’une réelle importance. D’après lui, tout ce que nous possédons en fait de littérature juive ancienne, n’a été définitivement rédigé que vers la fin du iie siècle ou au commencement du iiie siècle après Jésus-Christ, à Tibériade, loin de la Judée, en un endroit où, encore un siècle avant la fondation de la nouvelle école mishnaitique, les Judéens ne devaient même pas séjourner. De telles conclusions ne doivent pas porter au scepticisme, mais elles sont de nature à engager à une sérieuse réserve ceux qui citent comme arguments décisifs des allégations sujettes à caution. Il est fort à dé’sirer que des savants d’origine Israélite, pour lesquels ce travail est beaucoup plus aisé que pour des

  1. Chez Engel, in-8o. 64 p.