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Pour nous, plus historien que critiqué, ayant à faire connaître plutôt qu’à apprécier ce travail, nous nous abstiendrons de juger et de discuter ce qui en est purement systématique. Nous nous bornerons à joindre à notre analyse quelques réflexions qui relèvent de la critique ordinaire.

Dans une Introduction fort étendue, l’auteur a placé toutes les questions générales relatives à son sujet. Ainsi, après avoir essayé de justifier la place qu’il assigne au laid entre le beau et le comique et indiqué la méthode qu’il va suivre, il traite : 1° du laid ou du négatif en général ; 2° de l’imparfait ; 3° du laid dans la nature ; 4° du laid dans l’art ; 5° du laid dans les différents arts ; 6° enfin du plaisir que le laid nous fait éprouver.

Nous lui ferons ici une critique qui nous paraît fondée et qui n’a rien à voir avec son système. Comment toutes ces questions se trouvent-elles placées dans une introduction ? Ce sont les plus importantes, les plus élevées, les plus philosophiques de son sujet. Il répondra qu’elles ont été traitées par ses prédécesseurs. Ce n’est pas une raison. Lui-même, s’il est philosophe, ne devait-il pas les reprendre de nouveau, les approfondir et les discuter ? Plusieurs sont encore aujourd’hui fort controversées et loin d’être épuisées. Il avait pour lui, je le sais, l’exemple de son maître Hegel, qui, dans son esthétique, a fait de même pour le beau et l’art. Mais l’exemple n’était pas à suivre, c’est un défaut qu’à bon droit on lui a reproché. Il en résulte ce grave inconvénient que toute cette partie métaphysique et philosophique sera souvent écourtée, à peine traitée et effleurée. Le ton dogmatique y régnera souvent, les assertions y prendront souvent la place des preuves. La marche sera gênée, saccadée ; quelque chose d’étroit, d’insuffisant s’y fera remarquer. C’est le défaut de l’auteur, nous l’avons dit, de ne pas toujours donner assez aux grands côtés des sujets qu’il traite. Il se hâte trop d’arriver aux détails où il se sent plus à l’aise. Ici c’est la systématisation des formes du laid et leur analyse qui l’attire et l’empêche de s’arrêter aux principes. Cela retire à son livre beaucoup de son importance et de sa valeur philosophique.

En cela nous ne pouvons l’imiter, nous devons au contraire appuyer sur tous ces points qui précèdent le système et qui en forment la base. C’est là-dessus que repose cet échafaudage ; la classification des formes du laid, en somme, n’a qu’un intérêt philosophique secondaire.