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point  ? Si l’impression , par hypothèse, est celle d’un rayon de lumière rouge, et l’impression celle d’un rayon veit, rien n’empêche que la sensation ne se produise une fois au point , une autre fois au point , de même que la sensation pourrait aussi bien paraître au point et au point . Ce ne peut donc pas être la qualité des sensations qui détermine l’âme à les localiser ici ou là ; il lui faut un autre signe pour fixer le lieu auquel elle doit, à un moment donné, rapporter une sensation, qui, à un autre moment, se rapporterait à tout autre point. Sans doute c’est justement le fait de la naissance de en qui porte l’âme à reconnaître que cette sensation se produit en , et elle l’attribuerait de même au point , si, dans un autre moment, se produisait en  ; mais pour cela, le premier fait doit différer d’avec l’autre dans les conséquences que son action fait naître dans l’état de l’âme. Car tout ce qui doit exister pour l’âme, doit agir sur elle. Les situations des points nerveux, ou bien des points de l’âme étendue, dans lesquels les sensations se produisent, ne constituent, en elles-mêmes, que des faits, qui peuvent être perçus, mais qui ne sont perçus que lorsqu’ils ont su faire impression sur l’âme, et qui sont comme n’existant pas tant qu’ils ne font que subsister sans faire cette impression. Il ne suffit donc pas, suivant l’habitude des physiologistes, de célébrer sans cesse la merveilleuse coordination des filets nerveux, destinée à recevoir, sans la déranger, la multitude des impressions également coordonnées. Il est hors de doute que la nature a voulu tirer parti de cette organisation pour la localisation des impressions ; mais ces dispositions cependant n’expliquent rien par elles-mêmes et ne nous dispensent pas de rechercher comment elles sont en effet utilisées.

Ainsi l’hypothèse de l’âme étendue n’offre pas plus d’avantages que celle de l’âme immatérielle. Que nous adoptions l’une ou l’autre, il nous reste toujours à résoudre la première question : comment se fait-il que la position des points excités, points de l’âme ou points du système nerveux, devienne l’objet de cette aperception active, qui, pour une âme étendue, ne devrait pas être moins une et moins indivisible que pour l’esprit immatériel ? Reprenons donc notre discussion. Il est nécessaire qu’il y ait une différence, suivant que les deux sensations et changent de place, ou suivant que les deux excitations et agissent sur les extrémités ou de la ligne qui représente la distance d’un point excité à l’autre. On comprend immédiatement que la production d’une troisième sensation, qui représenterait la grandeur et la direction de la ligne , ne pourrait suffire ici : cette sensation ou cette idée serait en effet toujours la même et elle n’apprendrait pas si c’est la sensation ou la sensation