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Charles richet.la douleur

l’exploration de la sensibilité au moyen des courants électriques, à constater différents phénomènes intéressants.

Soient deux excitations et , celles, par exemple, que la rupture et la clôture d’un courant de pile provoquent dans les fils d’une bobine d’induction. Si elles sont très-éloignées l’une de l’autre, le sujet en expérience ne percevra rien ni à la rupture, ni à la clôture, mais si elles sont très-proches, il percevra une sensation réelle.

Il semble donc qu’il y ait dans ce cas une addition des deux forces , et que, séparées de fait, puisqu’il existe entre le moment d’application de chacune d’elles une durée notable, elles agissent sur le cerveau comme une somme de deux forces.

Ainsi deux excitations peuvent produire un effet sensitif, quand elles sont rapprochées, tandis qu’étant isolées, elles ne produisent aucun effet.

Si au lieu d’employer seulement deux excitations, on en emploie un plus grand nombre, on aura des résultats encore plus nets ; une secousse électrique ne produit rien, tandis que vingt secousses électriques très-rapprochées (500 par seconde) seront très-nettement perçues.

On arrive à la démonstration du même fait en prenant des courants électriques d’intensité faible, mais constante, et de fréquence graduellement croissante. Si, au début, l’intervalle entre deux secousses est d’une seconde, l’addition ne se fera pas, l’intervalle étant trop grand ; si l’intervalle est de de seconde, l’addition ne s’établira pas encore, et il n’y aura aucune perception. Mais quand l’intervalle ne sera plus que de de seconde, l’addition se fera, et il y aura perception. On en trouvera la preuve directe dans le tracé graphique suivant (fig. 2) qui marque des interruptions électriques d’intensité constante. Ainsi qu’on peut le voir sur les lignes et , il y a des signaux électriques de fréquence croissante. Au moyen d’une disposition spéciale, le sujet en expérience arrêtait dès qu’il sentait. Par conséquent, le moment de la perception répond exactement à la fin des signaux électriques marqués sur les lignes et . On voit que tant que les intervalles entre les excitations sont éloignés, il n’y a pas de perception, mais il arrive un moment où ils sont assez petits pour que l’addition se fasse.

Une quatrième démonstration du même fait, très-importante au point de vue de la perception, peut se donner en variant non plus la fréquence, mais l’intensité des courants. Si, par exemple, on prend des courants forts d’une part, et d’autre part, des courants faibles,