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-même, implique, ou exclut, en droit, la notion B : mais c’est dire aussi, qu’en fait, chacun des sujets réels, x, y, z, dans lesquels réside l’attribut A, possède, ou ne possède pas, l’attribut B. Les propositions particulières, soit affirmatives, soit négatives, sont au contraire la simple expression d’un fait : dire que quelque A est B, ou n’est pas B, c’est dire que, parmi les sujets réels de l’attribut A, il s’en trouve au moins un, x, dans lequel cet attribut coïncide, ou ne coïncide pas, avec l’attribut B.

Considérons maintenant l’universelle affirmative « Tout A est B », et demandons-nous quelles conséquences nous pouvons en tirer. Puisque cette proposition est l’expression d’une loi, nous pouvons appliquer cette loi à un cas donné : dès que nous viendrons à savoir qu’un sujet réel, x, possède l’attribut A, nous en conclurons que ce même sujet est aussi en possession de l’attribut B. Mais, en attendant que l’occasion se présente d’exécuter cette opération, nous pouvons, en quelque sorte, en tracer le plan : nous ne savons pas encore ce que sera en lui-même le sujet x, mais nous savons du moins qu’il sera au nombre de ceux qui possèdent l’attribut A : nous pouvons donc l’appeler provisoirement « quelque A ». Nous raisonnerons alors de la manière suivante :

Tout A est B :
or quelque A est A :
donc quelque A est B ;

et le résultat de ce raisonnement sera précisément la subalternation de la proposition « Tout A est B ». On pourrait, sans doute, expliquer la subalternation d’une manière toute différente : on pourrait dire que la proposition « Tout A est B » est, pour nous, l’expression d’un fait, ou plutôt d’une collection de faits, et que, lorsque nous en concluons que quelque A est B, nous ne faisons que restreindre l’affirmation de l’attribut B, à une partie des sujets désignés par l’expression collective « tout A ». Mais on ne voit pas quel pourrait être l’intérêt d’une telle restriction : car, ou la proposition subalternée signifierait que certains A sont B, et elle ne serait alors qu’une répétition partielle de la proposition primitive, ou elle signifierait qu’il n’y a que certains A qui soient B et, dans ce cas, elle serait fausse. Au contraire, dans l’hypothèse que je propose, la conclusion « quelque A est B » est vraie, sans que l’opération soit tautologique et inutile : car la mineure « quelque A est A » n’est identique qu’en apparence, et subsume, en réalité, un sujet particulier, x, à la loi générale « Tout A est B ». La subalternation de l’universelle affirmative est donc bien un syllogisme de la première figure, en Darii ; et le principe sur lequel elle repose est celui que l’on donne pour fondement,