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REVUE PHILOSOPHIQUE

à tout revoir dans le plus petit détail, et à confier cette tâche à des collaborateurs jeunes, actifs, bien au courant de l’état actuel des doctrines et des esprits, que M. Franck eût pu trouver dans son école ; bref, à refaire en 1875 ce qui avait été fait il y a trente ans[1].

Th. Ribot.

II

THÉORIE DE LA CONNAISSANCE

M. Robert Jardine : Les éléments de la psychologie de la connaissance (The elements of the psychology of cognition) : Londres, Macmillan, 1874, 1 vol. in-8o.

L’auteur de ce livre, principal de collége à Calcutta, déclare modestement que son but a été de fournir à ceux qui commencent l’étude de la philosophie un résumé aussi clair que possible des nouvelles théories sur l’intelligence. Ce n’est point cependant un ouvrage élémentaire. M. Jardine aborde franchement les problèmes les plus difficiles de la psychologie et le plus souvent déclare ne pouvoir adopter les solutions données par les auteurs contemporains. Il se trouve conduit de cette manière à développer des vues personnelles. Sa principale préoccupation nous paraît avoir été de marquer nettement sa position à l’égard de l’école phénoménaliste anglaise, dont il accepte les conclusions sur certains points, tandis qu’il les repousse sur d’autres.

L’ouvrage est divisé en cinq parties : la première, qui est une sorte d’introduction, étudie d’une manière générale les sources de la connaissance et détermine les rapports de la psychologie avec la physiologie ; la seconde renferme la théorie de la perception ; la troisième est un examen critique des différentes doctrines de la connaissance depuis Descartes ; la quatrième expose la théorie de la connaissance représentative ; la dernière traite de l’élaboration de la connaissance, des différentes formes de raisonnement et d’inférence, en un mot de ce qui constitue ordinairement la matière de la logique.

Nous devons reconnaître tout d’abord que M. Jardine a très-bien aperçu quel était un des côtés faibles des doctrines de MM. St. Mill, Bain et Taine. Leur manière d’expliquer l’origine des notions d’étendue et d’espace ne peut supporter un examen sérieux et a, en outre, l’inconvénient de jeter de l’obscurité sur l’explication d’autres notions, comme par exemple celle de l’extériorité. Nous avons vu avec plaisir que M. Jardine dirigeait contre cette doctrine les objections que nous lui avons à plusieurs

  1. La Revue publiera ultérieurement, sur le même ouvrage, une étude de M. Ch. Lévêque qui embrassera l’examen du Dictionnaire philosophique, depuis le XVIIe siècle.