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Dieterich n’insiste pas assez sur l’importance du problème de la liberté dans la philosophie de Kant. Il fait à tort reposer la morale de Kant sur la psychologie et ne la rattache pas assez étroitement à la religion naturelle. L’idée du devoir n’est pas aussi indépendante, chez Kant, que Dieterich semble le croire, des idées de l’immortalité et de Dieu. Enfin l’auteur n’a pas suffisamment présente à l’esprit l’opposition que fait la Critique au rationalisme de l’école leibnizo-wolfienne.

Guyau : La morale d’Épicure.

Schaarschmidt reproche à Guyau de mettre trop de conséquence, d’unité dans la doctrine épicurienne. La théorie du clinamen ne saurait être regardée comme un essai de dynamisme, à rencontre du mécanisme de Démocrite. Il n’est pas exact de soutenir que l’idée du progrès vient de l’école épicurienne et de Lucrèce. L’idée d’un perfectionnement indéfini de l’humanité était absolument étrangère à l’antiquité classique : le premier germe en a été apporté au monde par le christianisme.

Georg von Gizycki : L’Éthique de David Hume et sa valeur historique (Breslau, Kœhler, 1878).

Dans son précédent livre sur « la philosophie de Shaftesbury » (1878), c’était l’eudémonisme harmonieux du moraliste anglais qui séduisait Gizycki ; ce qu’il admire aujourd’hui dans l’Éthique de Hume, c’est la rigueur mathématique des déductions. Hume est pour lui le Newton de la morale. Kant, sans être aussi sévèrement traité que dans le précédent écrit, est toujours le grand adversaire de Gizycki, qui se prononce résolument avec Hume en faveur du principe de l’intérêt général. L’auteur s’étend sur la théorie des affections, dans laquelle il voit avec raison la base du système moral de Hume ; il aurait dû en montrer le lien avec les théories semblables de Spinoza et de Hobbes. Gizycki déclare qu’il n’y a pas de morale, pour une doctrine qui rejette la finalité. Comment peut-il louer la morale de Hume, l’adversaire déclaré de toute finalité ?

Livraison VIII.

J. Baumann : La morale classique du catholicisme.

La morale classique du catholicisme n’est pas celle des jésuites, mais bien celle qu’on trouve exposée dans les œuvres de saint Thomas d’Aquin, le grand théologien et philosophe du xiiie siècle, le docteur qu’un pape proclama en 1567 le cinquième Père de l’Église, celui dont la Summa theologica fut placée sur l’autel dans l’église de Sainte-Marie, à côté des saintes Écritures et des décrets des papes et des conciles, par les Pères du concile de Trente.

D’après l’enseignement de saint Tnomas, l’homme tend à la perfection. La perfection consiste dans la connaissance de Dieu. La vie contemplative est, par suite, déclarée supérieure à la vie active. La perfection ainsi entendue ne peut être atteinte sans le secours de la grâce divine, sans l’aide des sacrements. L’unique objet des trois vertus