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LE SOMMEIL ET LES RÊVES


(Fin)[1]

LEURS RAPPORTS AVEC LA THEORIE DE LA MÉMOIRE


le rêve

I. — Les reproductions dans le rêve.


Qu’est-ce que le rêve ? Cette question est maintenant résolue. La cause de l’opposition entre la veille et le sommeil réside en entier dans l’état de la couche périphérique, suivant qu’elle est ou qu’elle n’est pas à même de nous mettre en communication consciente avec l’extérieur. Le rêve a ainsi son siège précisément dans les couches intermédiaires où sont déposés les instincts, les habitudes et les souvenirs. Nous ne devons pas parler des couches plus profondes, réceptacles des connexions automatiques, où se passent des phénomènes soustraits d’ordinaire à l’œil de la conscience.

Dans les tableaux du rêve, il n’y a rien de nouveau, rien d’actuel. Ils n’offrent à notre attention que des vieilleries rajeunies par des combinaisons et des contrastes inattendus. C’est le passé qui fait tous les frais de la représentation. Quant au présent, il se dérobe derrière la scène, et c’est lui néanmoins qui, à l’insu de l’âme, en compose le programme, et qui, à son gré, choisit et change les décors, et introduit ou rappelle les personnages.

Dans le sommeil, par conséquent, hormis la perception, toutes les facultés de l’esprit, intelligence, imagination, mémoire, volonté, moralité, restent intactes dans leur essence ; seulement elles s’appliquent à des objets imaginaires et mobiles. Le songeur est un acteur qui joue à volonté les fous et les sages, les bourreaux et les victimes, les nains et les géants, les démons et les anges.

Dans le rêve, — et l’on peut à cet égard établir un parallèle

  1. Voir la Revue philosophique, octobre et novembre 1879 ; février et avril I880.