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fus vivement frappé par sa manière d’apprendre, et par les causes qui le provoquaient à parler dans des circonstances spéciales. Sa manière d’apprendre ressemblait beaucoup à la méthode des enfants qui apprennent leurs leçons, et les causes qui le faisaient parler semblaient dues à quelque association ou suggestion, c’est-à-dire à ce qui provoque d’ordinaire la parole à toutes les périodes de la vie humaine.

On sait qu’un perroquet imite tous les sons d’une manière presque parfaite, même le ton de la voix, et que sa voix a une étendue dont ne peut approcher aucune voix humaine, qui passe de la note la plus grave à la note la plus aiguë. Mon oiseau, bien que possédant un bon vocabulaire de mots et de phrases, ne pouvait les retenir que pendant quelques mois, à moins que le retour suggestif des circonstances qui provoquaient leur expression continuelle ne fût constamment répété. Quand ils étaient oubliés, cependant, ils revenaient rapidement en mémoire si on les répétait quelquefois, et ils revenaient d’une manière beaucoup plus rapide que s’il s’était agi d’apprendre une nouvelle phrase. Quand on commence à apprendre une nouvelle phrase au perroquet, il faut la dire plusieurs fois, et pendant tout le temps l’oiseau écoute très attentivement, en tournant l’ouverture de l’oreille aussi près que possible de celui qui parle. Au bout de quelques heures, on l’entend essayer de répéter la phrase, je dirais plutôt essayer de l’apprendre. Il a évidemment la phrase en réserve quelque part, car, si par hasard il la prononce parfaitement, il fait au début des essais qui sont malheureux et risibles. Si la phrase se compose de peu de mots, il répète sans cesse les deux ou trois premiers, puis leur en ajoute un autre, puis un nouveau, jusqu’à ce que la phrase soit complète, la prononciation étant d’abord très imparfaite, mais devenant plus exacte, jusqu’à ce que la tâche soit accomplie. Ainsi, sans se fatiguer, l’oiseau travaille sur sa phrase pendant des heures et des heures, et elle ne sera parfaite qu’au bout de quelques jours.

Cette façon d’apprendre me semble être exactement la même que celle que j’ai observée chez un enfant qui apprend une phrase de français. Deux ou trois mots sont constamment répétés ; à ces mots s’en ajoutent d’autres, jusqu’à ce que le tout soit appris, la prononciation devenant de plus en plus parfaite à mesure que la répétition se fait. J’ai vu aussi que, en sifflant un air populaire à mon perroquet, il le saisissait de la même manière, prenant les notes les unes après les autres, jusqu’à ce que la totalité des vingt-cinq notes fût complète. La façon d’oublier, ou la manière dont les airs et les phrases cessent d’être rappelés, est digne de remarque. Les dernières notes ou