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Dr  s. wilks. — nature du langage

les derniers mots sont oubliés tout d’abord, de sorte que bientôt la phrase reste incomplète et que l’air n’est sifflé qu’à moitié. Les premiers mots sont les mieux fixés dans la mémoire ; ceux-ci suggèrent ceux qui viennent après, et ainsi de suite jusqu’aux derniers, qui ont le moins de prise sur le cerveau. On peut cependant faire revivre ces derniers par la répétition, ainsi que je l’ai déjà dit. Ce procédé est également très habituel chez l’homme ; par exemple, un Anglais qui parle français paraîtra, dans son pays, avoir oublié cette langue, s’il n’a aucune occasion de s’en servir ; et cependant il n’aura pas plutôt traversé le détroit que la langue qu’il entend lui revient en mémoire. Si l’on essaye de se rappeler des poèmes appris pendant l’enfance ou pendant le cours des études, bien qu’à cette époque on ait pu en apprendre des centaines de lignes, on s’aperçoit que dans l’âge adulte on se souvient seulement des deux ou trois premiers vers de l’Iliade, de l’Énéide ou du Paradis perdu.

Il est donc important, au point de vue du langage de l’homme, de noter les circonstances qui excitent l’oiseau à parler. C’est la présence de quelque personne ou de quelque objet avec lesquels les mots ont primitivement été associés, ce qui montre que le langage est dû à la suggestion. Quand il est seul, un perroquet passera en revue un long catalogue de ses dictons, surtout s’il entend parler à une certaine distance, comme s’il voulait se mêler à la conversation ; mais, à d’autres moments, il ne prononce un mot particulier ou une phrase que si une personne ou un objet les suggèrent. Ainsi des amis, qui ont fréquemment adressé à l’oiseau une expression particulière, ou qui ont sifflé un air devant lui, seront toujours salués par cette expression ou cet air ; et en ce qui me concerne, quand j’entre à la maison, — car il reconnaît mes pas, — l’oiseau répétera l’un de mes dictons. Si les domestiques entrent dans la chambre, Poil aura toute prête une de leurs phrases et avec leur ton de voix. Il est clair qu’il y a une association intime entre certaines phrases et certaines personnes ou objets, car leur présence ou leur voix suggère quelque mot spécial. Par exemple, mon cocher, quand il vient prendre ses instructions, a eu si souvent pour réponse : « Deux heures et demie, » qu’il n’a pas plus tôt franchi le seuil de la porte que Poil s’écrie : « Deux heures et demie. » L’ayant trouvé pendant la nuit éveillé et lui ayant dit : « Allez dormir, » si j’approche de sa cage quand la nuit est venue, l’oiseau me répète les mêmes mots.

En ce qui concerne les objets, si certains mots ont été prononcés en connexion avec eux, ils seront toujours associés ultérieurement. Par exemple, le perroquet ayant été accoutumé à recevoir