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titres suivants : I. Philosophie et science. — II. La théorie de la matière. — III. L’infinité du monde. — VIII. Sentiment et représentation. — IX. L’expression des émotions. — X. La langue et la pensée. — XI. Le développement de la volonté. — XIV. Lessing et la méthode critique.

Le premier de ces essais, Philosophie et science, répond indirectement à cette question, qu’il peut sembler étrange au public d’entendre poser par les philosophes : qu’est-ce que la philosophie ? Mais Wundt ne la pose pas d’emblée et il s’attache à cette question plus particulière, qui dépend de l’autre :

Quels rapports doivent s’établir aujourd’hui (car les rapports anciennement établis ne sont plus tenables) entre les sciences spéciales et la philosophie ?

Chez les anciens, la philosophie a été d’abord la science elle-même. Cette situation se modifie au temps de l’école d’Alexandrie, alors que les sciences spéciales, se développant, se confinent aux détails et laissent la philosophie en dehors d’elles, comme suspendue en l’air. Au sortir du moyen âge, celle-ci perd, à fur et mesure du progrès plus considérable de ces sciences, la suprématie apparente qu’elle avait reprise, et elle échafaude des systèmes qui restent au hasard des démentis que le savant leur infligera.

Ni les tentatives métaphysiques de Descartes, de Spinoza, de Leibniz, ni les travaux des maîtres de l’école anglaise ne changent sensiblement les rapports de la philosophie avec les sciences spéciales, bien que ces nouveaux penseurs aient cherché un premier fondement, les uns sur les mathématiques, les autres sur la psychologie et les faits sociaux. Après même l’œuvre de Kant, lequel imagine, tout en voulant ruiner la métaphysique ancienne, cette distinction du phénoménal et du nouménal grâce à laquelle il sauve momentanément les idées de la liberté, de Dieu et de l’immortalité, mais ouvre la route à l’esprit spéculatif au delà du monde des « apparences », à la recherche de ce qui est antérieur à l’expérience et apparaît nécessaire logiquement et moralement, après Kant lui-même la position de la philosophie reste ce qu’elle était, et la débauche de ses successeurs a pour conséquence de poser une philosophie des philosophes en contradiction avec celle des spécialistes.

En est-ce donc fait de la philosophie ? Il s’en faut bien. Nos spécialistes sont pris aux filets de ses spéculations, dans le moment même où ils affectent de se dégager d’elle, et le malheur est plutôt qu’on aborde encore prématurément les questions dernières.

Le plan tracé par Wundt tient en peu de lignes. La philosophie, telle qu’il l’entend, s’instruit aux sciences spéciales, dont elle n’est plus le tronc, et elle en pousse plus loin la recherche. Elle trouve encore sa

    problèmes de la psychologie expérimentale. — VI. La mesure des actes psychiques. — VII. La psychologie des animaux. — XII. La superstition dans la science. XIII. — Le spiritisme.