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DELBŒUF.l’éducation et l’imitation dans le somnambulisme

fascina aussi A, qui retomba dans ses vieilles manières. Puis je mis J… en leur présence et la fis « travailler ».

Je fis encore bien remarquer à A, ainsi qu’à C, la tranquillité de son air et de ses mouvements. Ensuite, plaçant A debout, comme j’avais fait J…, je répétai avec lui les mêmes exercices, qu’il exécuta sans rien manquer.

Après quoi je vins à C et l’engageai à se conduire comme ces deux modèles. Il était assis, je l’endormis par le regard. Pendant la demi-minute que dura la fascination, je ne cessai de lui recommander de se tenir tranquille.

Une fois hypnotisé, je lui enjoignis de fermer les yeux ; et alors j’obtins de lui, et presque sans nouvelle injonction, les phénomènes de léthargie, de catalepsie, de somnambulisme dont il venait d’être par deux fois le témoin.

VIII

Je pouvais légitimement considérer la démonstration comme achevée. Mais le 10 avril, il m’a été permis de la fortifier en opérant avec B devant mes élèves.

Il faut savoir qu’on a institué à l’université de Liège un cours d’exercices spéciaux sur des questions de philosophie. dont je suis chargé. N’y sont admis que les étudiants par moi autorisés. Ils ne sont pas simples auditeurs. Le sujet des leçons une fois déterminé, je leur désigne quelques ouvrages dont ils auront à rendre compte en chaire, et l’exposé qu’ils font est l’objet d’une discussion générale.

Cette année, le deuxième sujet choisi fut l’hypnotisme.

Bien que la nature même de cet enseignement n’exige pas toujours des démonstrations expérimentales, je tenais cependant à rendre ces jeunes gens témoins des faits que j’avais moi-même observés, et à les mettre à même de contrôler les théories émises à leur occasion. Mon auditoire compte, à côté des élèves du doctorat en philosophie, des physiciens, des aspirants docteurs en médecine, des futurs ingénieurs.

Le malheur veut qu’à l’heure de mon cours, A, B et C soient retenus par leurs patrons. Ce fut grâce à une démarche de M. Ch… que je pus, le 10 avril, avoir à ma disposition le jeune B.

B allait avoir ses quatorze ans au mois de mai. Il est petit, trapu ; il a l’œil très intelligent ; il a obtenu des prix à l’école primaire ; il est maintenant dans la carrosserie. Il n’a été « pris » par Donato qu’à la