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ANALYSES.seth. Scottish philosophy..

avec autant d’ardeur que de talent sa race et sa patrie. Celui-ci est un exposé des constitutions qui se sont succédé en Haïti depuis le commencement du siècle, avec des aperçus historiques et des considérations sociologiques.

« De même que l’organisme humain, dit M. Janvier, l’organisme social obéit à des lois rigoureuses. Le peuple haïtien appartient à la race noire ; il habite une île montagneuse qui, quoique située dans la zone torride, jouit d’un climat marin relativement tempéré. Il ne lit que les livres français ; il aime le mouvement, les institutions démocratiques. Étant jeune, il a les défauts et les qualités de la jeunesse, l’enthousiasme et l’impatience, la pétulance et la candeur. De là ses agitations, son ardent désir du mieux… »

De là la douzaine de constitutions qu’il s’est données ou qu’on lui a données depuis 1801. Nous n’en avons pas changé beaucoup moins souvent en France. On dirait même, à première vue, que les noirs d’Haïti s’amusent à copier les Français. Mais ce serait là une courte vue, ainsi que s’attache à le montrer, en divers endroits de son livre, le Dr Janvier. Ces ressemblances s’expliquent bien par la similitude ou l’analogie des situations. Mais un fait particulier a causé ou aggravé plus d’une révolution haïtienne : c’est le « préjugé de couleur », le sot et ridicule mépris de certains mulâtres à l’égard des noirs qui, tout naturellement, y répondent par une défiance trop légitimée. M. Janvier flétrit courageusement ces demi-noirs dont la supériorité intellectuelle et morale sur les nègres n’est rien moins que démontrée ; il s’en moque avec esprit. C’est avec non moins de courage et d’indignation qu’il flétrit les ambitieux, les exploiteurs et les faiseurs de coups d’État. Il se déclare partisan d’une politique vraiment nationale, d’une démocratie véritable, d’une république gouvernée par ceux qui travaillent, y compris les paysans.

L. M.

Andrew Seth. Scottish philosophy, a comparison of the scottish and German answers to hume. 1 vol.  in-8o, W. Blackwood and Sons. Edinburgh and London, 1885.

Pendant l’hiver de 1882-1883, nous dit l’auteur dans une courte préface, le sénat de l’université d’Edimbourg songea à établir des chaires pour différentes branches d’étude, mais il ne crut pas avoir le droit de dépenser pour un tel objet les fonds de l’université, M. A.-J. Balfour offrit alors la somme nécessaire à la constitution, pour trois ans, d’une chaire de philosophie. Il désirait que les leçons ne fussent pas purement consacrées à l’histoire de la philosophie, mais qu’elles fussent une contribution à la philosophie. Tel était aussi le désir de M. A. Seth, qui publie aujourd’hui, telles qu’il les a prononcées, les leçons de la première année.