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le démon de Socrate du sentiment moral de Protagoras ; il nous paraît également peu sûr d’admettre d’une manière générale que Platon met toujours dans la bouche des adversaires qu’il fait longuement parler, leurs propres doctrines. Dans le Théétète même, dans le Discours attribué à Protagoras (p. 166 B, 168 B), la doctrine de Protagoras n’est-elle pas rattachée à celle d’Héraclite, quoiqu’on ait pu nier, avec raison ce semble, la filiation des deux doctrines ? En outre, il nous paraît peu aisé de faire un normalisme de la doctrine morale attribuée à Protagoras dans le Théétète et nous ne croyons pas que M. Harpf y ait réussi.

En résumé, le premier chapitre de l’ouvrage, celui qui traite de ce que l’auteur appelle le naturalisme de Protagoras, nous paraît le plus intéressant. On y trouvera spécialement des rapprochements ingénieux et suffisamment exacts entre le sentiment moral (Aidos) de Protagoras et le sens moral des Écossais.

F. Picavet.