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savait infiniment plus que ses contemporains, les docteurs galénistes et arabistes, sur l’étiologie et la pathogénie des épidémies et des fièvres par intoxication ; et l’on voit qu’il n’admettait point l’essentialité que Broussais a eu tant de peine à détruire. Il a bien vu aussi que la plupart des épidémies, connues autrefois sous le nom générique de peste, suivent, comme on dit, le cours du soleil, allant de orient vers l’occident.

Après des considérations très justes sur les nombreuses causes qui peuvent altérer la pureté de l’air, et sur la marche des épidémies : Fuyez, dit-il, du côté d’où elles viennent et non du côté où elles vont, comme s’il connaissait l’itinéraire habituel de ces sinistres voyageurs.

Après ces pages admirables de bon sens et de justesse, l’auteur paye tribut à son temps, en exposant très ingénieusement une théorie du mauvais œil, laquelle n’a rien de commun avec la suggestion ; et il indique les remèdes propres à combattre les mauvais effets de cette influence : aspirer l’odeur du vin pur dont on s’est frotté les mains, de l’encens, du coing, et vomir au besoin. L’effet du mauvais cil se fait sentir de préférence chez les personnes faibles, maladives, les femmes et les enfants malingres.

Les poisons et les venins n’ont d’action efficace qu’en atteignant le cerveau. Pour arrêter les suites d’une morsure venimeuse, le plus sûr est de couper la partie mordue ou de l’isoler par la ligature, pour empêcher le venin d’arriver au cerveau, car le cerveau une fois atteint, il ne sent point son mal, et n’a point conscience de ses propres sensations, bien qu’il soit le principe et la cause du sentiment, porque el celebro tiene sensacion de todos los daños y noxas del cuerpo, y no de sí mismo, porque es el principio y causa del sentimiento, y siente todas las cosas, y no á sí mismo. Voilà certes une femme qui en savait long, et peu disposée sans doute à croire à cette autopsie interne, où le moi chimérique des philosophes classiques, à la fois sujet et objet, produit et facteur, représente un peu les trois personnes distinctes et consubstantielles de la Trinité.

Parmi les aliments vénéneux, l’auteur ne manque point de compter la cervelle des bêtes malades et la chair des animaux en rut. Après avoir ingéré des aliments suspects ou de mauvaise qualité, le mieux est de vomir.

L’homme devient malade par le changement de climat, parce que son organisation dépend du sol qu’il habite, de l’air qu’il respire et de l’eau qu’il boit, et que tout cela influe sur ses aliments animaux et végétaux. De là les différents caractères des peuples, et mille particularités qui tiennent aux circonstances extérieures. Le micro-