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GUARDIA.philosophes espagnols

cosme (c’est l’homme) ressent aussi les effets du changement de temps, d’air et de lune. À propos des quartiers de la lune et de leur influence sur la santé, l’auteur se livre à des considérations fantastiques qui font sourire. Il est plus raisonnable, sinon beaucoup plus clair, en parlant des inconvénients de l’embonpoint. En ce temps d’ascétisme, de famine et de misère, on ne prévoyait point qu’il y aurait un jour des concours et des prix pour les hommes gras. Autant qu’il est possible de comprendre, il y a là une vague réminiscence des justes réflexions d’Hippocrate sur les inconvénients du tempérament athlétique. Une remarque très exacte, c’est que dans certaines épidémies, les personnes maigres courent moins de risques, en el tabardillo passado vimos por experiencia que ningun gordo escapaba. Ces observations assez nombreuses semblent annoncer un médecin ou tout au moins un philiatre.

À propos du travail et de la fatigue qui le suit, l’auteur recommande la devise : Festina lente, et remarque fort bien que la sueur, les larmes et les excrétions en général sont comme des exutoires naturels qui maintiennent l’équilibre de l’économie ; c’est par là que le cerveau se décharge de ses impuretés. Le travail engourdit l’intelligence et favorise les opérations de la vie végétative ; tandis que le loisir développe l’entendement ; voilà pourquoi les princes doivent se livrer au repos qui assagit l’âme, car leur force est dans le conseil ; et le conseil du sage vaut mieux que les forces de plusieurs milliers d’hommes.

Ayant parlé des effets du bruit sur le cerveau et des suites fâcheuses que peut produire un son excessif et subit, notamment chez les femmes enceintes, l’auteur est amené à traiter de la bienfaisante influence de la musique. Il n’est point de remède plus efficace pour toutes les maladies du cerveau, c’est-à-dire pour toutes les affections de toute nature qui atteignent les centres nerveux, et, à l’appui de cette théorie, il raconte fort agréablement la guérison des piqûres de la tarentule par la musique et la danse, et cite des faits très connus des anciens qui traitaient par la musique la plupart des maladies mentales, et les douleurs intolérables du rhumatisme et de la sciatique. La musique apaise et réconforte ; et son efficacité peut être avantageusement secondée par les odeurs agréables et les bonnes paroles qui relèvent le moral. Énumérant tous les avantages de l’harmonie, l’auteur s’étonne qu’une médication aussi puissante soit tombée en désuétude, y assi me maravillo no estar en uso tan alta medicina. Les animaux sont sensibles aux enchantements de la musique, et par conséquent à la cacophonie. Parmi les sons désagréables, l’auteur signale le hoquet, le bruit de la lime sur une