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des 10 mars et 17 novembre 1642[1] et entre lesquelles aucune autre connue ne vient s’intercaler. La lettre inédite est intermédiaire (du 20 octobre) et n’a au reste nullement été utilisée.

Je la publie en respectant l’orthographe, mais en introduisant des alinéas et en ajoutant la ponctuation et les accents, qui font défaut assez souvent.

Mon révérend père,

On a divers moyens pour empescher les cheminées de fumer selon les diverses causes de la fumée, et la cause la plus commune est que souvent il ne vient pas assés d’air de dehors en la chambre pour y remplir la place de la fumée qui en doit sortir. Car il faut remarquer que la force du feu chasse une grande quantité d’air, avec les petites parties du bois, lesquelles, meslées avec cet air, composent la fumée, comme les plus grosses partyes de ce bois composent les cendres ; et que, n’y ayant point de vuide en l’univers, il est nécessaire qu’il rentre tousjours autant de nouvel air dans la chambre comme il en sort de fumée : comme on voit manifestement en certains fourneaux d’alchymistes, au bas desquels il y a un trou par lequel il entre continuelement un grand vent qui soufle vers le feu, car ce vent n’est autre chose que l’air chassé de la place où entre la fumée, qui sort du feu : de façon que, lorsqu’une chambre est bien fermée, il faut nécessairement qu’il y fume, c’est-à-dire que la fumée qui sort du feu entre dans la chambre, à cause qu’il n’y a que l’air de la chambre qui puisse retourner vers le feu.

A quoy on a accoustumé de remédier en ouvrant quelque porte ou quelque fenestre ; mais, pour ce que cela donne de l’incommodité, on peut l’éviter en faisant des ouvertures au derrière de la cheminée, qui ne regardent que vers le feu, et mesme on peut cacher ces ouvertures sous les pieds de ces gros chenetz de cuivre dont on se sert d’ordinaire Comme sy A est la cheminée[2], B l’un des chenetz, D le feu, C le trou qui vient de derrière la muraille et conduit l’air vers le feu D, à mesure que ce feu chasse la fumée par A vers E.

Une autre cause de la fumée, qui est aussy fort ordinaire, est que le vent ou le soleil, qui donne dessus la cheminée, l’empesche d’en pouvoir sortir, et principalement les vents de pluye, qui souflent de haut en bas, ainsy que j’ay remarqué en mes Météores. A quoy on peut remédier en couvrant tout le haut de la cheminée et n’y laissant d’ouverture que par les costés, entre des planches mises de biaiz, ainsy que vous voyez vers E, ou bien avec un tourniquet, dont l’usage est, ce me semble, commun à Paris.

  1. Cette dernière est datée de mai dans notre manuscrit : la suivante connue dans l’ordre chronologique, est celle du 7 décembre 1612 (II, 109).
  2. Le manuscrit donne un croquis d’une cheminée en coupe, que je crois inutile de reproduire. Le trou C passe sous le foyer.