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société de psychologie physiologique

plus rapides et plus nets. Cependant, il faut toujours faire des passes pendant un quart d’heure pour obtenir le sommeil complet.

La suggestion réussit bien, sans être automatique. Les changements de personnalité sont incomplets ; il y a un commencement d’hallucination provoquée.

Le souvenir, au réveil, est presque nul, mais le réveil est toujours assez difficile.

À partir de cette expérience, les phénomènes deviennent de plus en plus nets. Ils ne se sont guère modifiés depuis lors. L’état somnambulique a été complètement obtenu à la huitième expérience (mardi 23 février), et une hallucination complète, détaillée, dont je donnerai peut-être le détail, est survenue à la neuvième expérience (mercredi 24 février).

Depuis le mercredi 24 février jusqu’à aujourd’hui (juin), les phénomènes, au point de vue de la provocation du sommeil magnétique, de ses symptômes et du réveil n’ont pas varié.

Il m’a paru bon de donner cet exemple pour montrer avec quelle régularité vont en progressant les symptômes observés. Il a fallu quatre expériences pour obtenir un phénomène de suggestion, sept expériences pour voir un commencement d’hallucination, et neuf expériences pour que l’hallucination soit complète.

Comme dans mes expériences je ne cherchais pas à observer de phénomènes physiques, tels que contracture, anesthésie, catalepsie, etc., j’ai pris soin, dès le début, d’indiquer que je ne voulais pas voir de pareilles manifestations, et je me suis opposé à tout ce qui ressemble à une crise nerveuse quelconque. C’est à cela sans doute que j’attribue l’absence presque complète de tout phénomène physique appréciable. Je n’ai guère noté que des phénomènes psychiques, car c’est sur ceux-là seulement que j’ai insisté.

Je m’imagine que, dans ces conditions, l’éducation a une influence prédominante. Je ne doute pas qu’on peut, chez A…, obtenir des phénomènes physiques ordinaires, mais, mon intention étant uniquement d’étudier les phénomènes psychiques, j’ai développé ces derniers autant que possible, alors que j’ai presque complètement négligé les phénomènes physiques.

Elle semble donc, dans l’état de somnambulisme, être dans son état normal, à cela près que son caractère a changé. Éveillée, elle est gaie, vive ; mais endormie, elle est grave, sérieuse, presque solennelle, ne répondant pas aux questions qu’on lui fait : elle devient d’une grande susceptibilité ; son intelligence semble s’être accrue ; sa sensibilité affective est très vive.

Contrairement à ce qui se passe chez les hypnotisées, elle ne se prête pas facilement aux expériences de suggestion, elle n’y croit pas et se rend compte de la réalité qui l’entoure.

Je n’ai jamais pu lui faire perdre la notion du monde extérieur réel. Quand l’hallucination provoquée est très forte, peut-être y a-t-il une