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Deuxième expérience. Lundi 15 février. — Passes et serrement des pouces pendant 15 minutes. Très rapidement, lourdeur dans la tête avec tendance à la clôture des paupières ; mais nul autre phénomène.

Troisième expérience. Mardi 16. — Même état que la veille, nul résultat.

Quatrième expérience. Mercredi 17. — Au bout de quelques minutes, les yeux se ferment sans qu’elle puisse les ouvrir. Elle résiste bien aux ordres que je suggère verbalement ; mais cette résistance produit une sorte de suffocation et d’angoisse respiratoire assez pénible.

Ce jour-là, malgré mes efforts, il m’a été difficile de lui faire ouvrir les yeux ; dès qu’ils étaient ouverts ils se fermaient de nouveau avec un tremblement fibrillaire et de petites contractures dans les orbiculaires. Quelque temps après, l’œil est encore un peu égaré et la tête lourde. Ni les insufflations, ni les passes en sens inverse ne la dégagent rapidement ; il faut près d’une demi-heure pour qu’elle revienne à son état normal.

Cinquième expérience. Jeudi 18 février (5 heures 3/4). — Dès que je lui touche les mains, les yeux papillotent. Passes pendant un quart d’heure environ. Alors les yeux sont fermés, cependant elle dit qu’elle ne dort pas. (De fait, elle n’a jamais dit qu’elle dormait, car, pour elle, dormir signifie ne pas entendre ce qu’on dit et ne pas pouvoir répondre.) État de demi-somnambulisme qui dure une demi-heure environ. La suggestion réussit assez bien, en ce sens que si je lui dis de ne pas donner à la personne qui est avec moi un objet qu’elle tient à la main, elle essaye de le donner, mais ne le peut pas, par suite d’une contracture que cet acte provoque dans le bras et d’une sorte d’angoisse respiratoire. « Ce n’est pas moi qui ne le veux pas, dit-elle alors, c’est mon bras qui se prend. »

Elle cherche à me toucher la main quand elle souffre ; le contact des autres personnes lui est désagréable.

Nul autre phénomène psychique appréciable.

Il faut près d’une demi-heure pour qu’elle revienne complètement à son état normal. Elle ne conserve, étant tout à fait réveillée, qu’un souvenir confus de ce qui s’est passé pendant son demi-sommeil.

Sixième expérience. Samedi 20 février (5 heures 3/4). — Mêmes phénomènes, survenant plus rapidement et plus complètement.

Je note qu’il faut une certaine similitude dans les conditions extérieures. Elle ne subit l’action que si les volets des fenêtres sont fermés, et que si l’on a apporté la lampe.

J’essaye de provoquer des hallucinations, mais sans succès.

La suggestion réussit bien, mais toujours par le même mécanisme, c’est-à-dire en déterminant de l’angoisse respiratoire et une sorte de contracture des membres.

Le souvenir est à peu près aboli, mais quelques traces de mémoire persistent.

Septième expérience. Lundi 22 février (5 heures 3/4). — Phénomènes