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société de psychologie physiologique

Or, chez A, l’hallucination a un tout autre caractère ; elle ne se produit qu’après un grand effort.

Ainsi, ce n’est pas tout de suite que l’objet de l’hallucination apparaît. C’est après des efforts extrêmes que la somnambule arrive d’abord à voir une forme confuse. Elle ne voit pas, elle cherche à voir. Il semble que l’objet est là devant ses yeux, voilé et indistinct. Et alors elle ferme les paupières avec force l’une contre l’autre et en portant la tête en avant comme si l’objet était devant elle. D’abord, elle ne voit presque rien ; puis elle finit par avoir une image confuse, qui, souvent, n’arrive pas à s’éclaircir ; et alors, constamment elle s’indigne du nuage, du brouillard qui est devant ses yeux comme un voile. Elle se trouve constamment dans une obscurité profonde, et l’hallucination lui apparaît ordinairement comme par éclairs, qui, venant subitement et disparaissant ensuite, ne lui permettent pour ainsi dire pas de la voir.

En même temps qu’il y a hallucination de la vue, il y a aussi hallucination du toucher. Elle cherche à savoir si elle a monté un escalier, par exemple, en tâtant avec ses pieds ; ou bien elle dit qu’il y a un tapis, parce qu’elle n’entend pas de bruit en marchant. Ou bien encore, si elle s’imagine avoir un objet quelconque devant elle, c’est en le pesant qu’elle peut avoir quelque notion sur sa nature.

Toutes ces hallucinations du sens musculaire, de l’ouïe, du toucher, complètent celles de la vue qui sont, en somme, les plus riches en détail ; mais les unes et les autres sont très imparfaites.

Si nous cherchons le caractère différentiel de ces hallucinations et des hallucinations ordinaires, il nous semble que la différence est principalement dans l’effort, nul dans un cas, considérable dans l’autre. En général, l’hallucination jaillit tout entière, spontanée, involontaire, éclatante ; elle s’impose à l’esprit, tandis que, dans le cas actuel, ce n’est pas l’hallucination qui s’impose à l’esprit, c’est l’esprit qui s’impose une hallucination.

Il y a donc, paraît-il, des hallucinations volontaires qui contrastent avec les hallucinations involontaires qui sont dans l’état hypnotique classique.

Distinguons bien l’hallucination volontaire de l’hallucination provoquée ; l’hallucination, provoquée par suggestion chez les hypnotisés, apparaît comme une image qui se produit, sans aucun effort de la part de l’hypnotisé. Celui-ci ne cherche rien, il subit. Tandis que là, il y a une sorte de recherche, de tendance à la recherche, de poursuite d’un but. Rien d’analogue dans l’hallucination hypnotique ordinaire qui se déroule avec la fatalité d’un mécanisme sur lequel la volonté n’a aucune prise.

Nous pouvons résumer ainsi les caractères différentiels du sommeil somnambulique de A… et du sommeil hystéro-épileptique, tel qu’il est décrit dans les ouvrages classiques de M. Charcot et de ses élèves :

1o Difficulté plus grande du sommeil ;

2o Difficulté et lenteur du réveil ;