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3o Absence d’anesthésie, de catalepsie, de léthargie, de contracture ;

4o Persistance et même acuité de l’intelligence ;

5o Automatisme incomplet ;

6o Hallucination volontaire.

À quoi tiennent ces différences ? Est-ce au mode d’action, puisqu’aussi bien les passes que j’ai constamment employées, diffèrent notablement des violentes excitations qui agissent sur les hystériques. Est-ce à l’état du sujet, qui n’est atteint d’aucune affection nerveuse et qui est tout à fait normal ? Est-ce à l’éducation, qui m’a fait, dès le début, proscrire pour ainsi dire tous phénomènes autres que les phénomènes psychiques ? Il me paraît que la question est entièrement à résoudre.

Peut-être devrait-on tenter une sorte de classification entre ces diverses variétés de sommeil, et, puisque le mot « hypnotisme » est consacré par l’usage, séparer l’hystéro-hypnotisme des phénomènes de fascination, tels que les pratiquent Donato, Hansen, phénomènes qu’on pourrait appeler le petit hypnotisme, ou mieux le braido-hypnotisme, du nom de Braid, qui l’a pratiqué le premier. Le somnambulisme, tel qu’il se présente chez A…, pourrait être alors appelé le vigil-hypnotisme ; dans cet état, il y a conservation complète (et même acuité) de l’intelligence. Nulle anesthésie, nul phénomène d’excitabilité musculaire. Symptômes physiques presque nuls et activité psychique exagérée ; influence marquée de l’éducation progressive. Sans doute, il faudra soumettre à un examen sévère tous les cas qu’on aura l’occasion d’observer, afin de savoir s’ils rentrent dans l’un ou l’autre de ces grands groupes : l’hystéro-hypnotisme, le braido-hypnotisme et le vigil-hypnotisme (ou somnambulisme), si l’on me passe ce néologisme.

Cette classification n’est évidemment qu’une tentative, un point de repère pour les observations futures ; car vraisemblablement il n’existe pas de différence essentielle entre ces divers états, et même, suivant la méthode employée, on pourra observer l’un ou l’autre.

Probablement peu d’individus présentent ce que nous appelons le vigil-hypnotisme ; de plus, il n’y a guère que les hystériques atteintes de grande hystérie qui puissent présenter la succession régulière des phases observées. Le cas le plus fréquent semble donc être ce que nous avons plus haut appelé le petit hypnotisme, c’est-à-dire l’automatisme, la suggestion, l’amnésie avec anesthésie plus ou moins marquée.

(À suivre.)
Ch. Richet.

GRAPHOLOGIE ET PERSONNALITÉ.

L’étude d’une importance capitale publiée par MM. Ferrari, Héricourt et Richet dans le numéro d’avril de la Revue, demande un commentaire.

L’expérience que je proposais en février, se trouvait, par une heureuse concordance, avoir déjà reçu une solution à cette époque, et cette solution concluante ne donne prise à aucune critique en raison tant de la qualité des expérimentateurs que de la bonté de leur méthode.