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médecins de Montpellier relativement à l’aphasie. Rappelons en passant que sans l’intervention de Charcot dans cette question, le magnétisme animal serait encore au ban de la science officielle ; et ce n’est qu’après les travaux de Charcot que les expérimentateurs de Nancy se sont aperçus des faits intéressants qu’ils avaient sous les yeux depuis 1864.

La brochure de M. Beaunis se divise en deux parties. La première, exclusivement physiologique, comprend les questions suivantes :

I. Caractères généraux de l’hypnotisme.

II. Procédés employés pour déterminer le sommeil hypnotique et le réveil.

III. Modification de la fréquence des battements du cœur par suggestion hypnotique.

IV. Production de rougeur et de congestion cutanée par suggestion hypnotique.

V. Vésication par suggestion hypnotique.

VI. Recherches dynamométriques.

VII. Recherches sur l’acuité auditive.

VIII. Recherches sur le temps de réaction des sensations auditives.

IX. Recherches sur le temps de réaction des sensations tactiles. Ne pouvant analyser toutes ces questions, nous nous bornons aux plus importantes.

On a souvent reproché aux expérimentateurs de Nancy de n’avoir pas su donner les caractères somatiques du somnambulisme qu’ils provoquent sur leurs sujets ; à cette objection ils ont répondu, avec une raison apparente, qu’ils ne pouvaient pas décrire ce qu’ils n’observaient pas, et que leurs sujets n’avaient jamais présenté les phénomènes physiques si caractérisés qu’on rencontre chez les grandes hypnotiques et qui ont été décrits pour la première fois par l’école de la Salpêtrière. Mais de ce défaut de signes objectifs résulte une grave conséquence ; c’est que, bien que personne aujourd’hui ne doute plus de la réalité du somnambulisme en général, on peut toujours douter de l’existence de cet état dans tel cas particulier ; et les expérimentateurs de Nancy ne peuvent pas prouver péremptoirement que l’un quelconque de leurs sujets est réellement endormi. En effet, tous les caractères du somnambulisme provoqué qu’ils ont décrits peuvent être simulés, l’oubli au réveil, la sensibilité à la suggestion, la conservation des attitudes communiquées, etc. Le mérite de M. Beaunis est d’avoir compris qu’il fallait chercher des preuves de l’état somnambulique chez les sujets qui appartiennent au petit hypnotisme. Les preuves qu’il nous expose aujourd’hui dans sa brochure consistent dans des modifications produites par suggestion sur des fonctions qui, à l’état normal, sont soustraites à l’empire de la volonté. On lira donc avec intérêt les trois paragraphes consacrés à la modification de la fréquence des battements du cœur par suggestion hypnotique (p. 17), à la production de rougeur et de suggestion cutanée par suggestion hypnotique (p. 29), et à la vésication par suggestion hypnotique (p. 30). À notre avis, M. Beaunis est ici