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ANALYSES.b. pérez. La psychologie de l’enfant.

héréditaires de la volition, promptitude, énergie, fermeté. Autres sont les tempéraments émotionnels. L’éducation a-t-elle quelque puissance pour exercer la volonté dans le sens de l’énergie, ou de la patience, ou de la répression des signes de la douleur ? M. Pérez cite de bons exemples d’une telle puissance. Et j’ajoute que vraiment nulle éducation de l’individu ou de l’espèce ne serait possible, si l’expérience de la vie ne modifiait sans cesse notre volonté en modifiant nos tendances. Cette action de la vie, elle apparaît en gros dans la famille ou la race ; mais on ne la peut voir qu’à la longue dans l’individu.

Voilà tout le livre. Pour le bien louer il le fallait seulement analyser ; et j’ai le regret pourtant de n’avoir pas laissé deviner le charme pénétrant de certaines pages où le philosophe s’est montré aussi écrivain ému et délicat. On reconnaîtra plus tard toute l’importance de ces travaux sur l’enfant, quand les psychologues en seront venus à instituer une étude comparative plus systématique de l’animal, de l’enfant et de l’adulte. L’enfance est un état plutôt qu’un âge, a fort bien dit Mme Necker de Saussure. Ces travaux souffriront sans doute beaucoup d’amendements. Mais notre sévérité envers les premiers et patients observateurs ne serait pas juste ; car cette sévérité, eux-mêmes ils nous l’ont apprise.

Lucien Arréat.

Beaunis. Recherches expérimentales sur les conditions de l’activité cérébrale et sur la physiologie des nerfs. — II. Études physiologiques sur le somnambulisme provoqué. Brochure in-8o, 106 p. Paris, J.-B. Baillière, 1886.

M. Beaunis peut être considéré comme le représentant le plus autorisé de l’école de Nancy, qui a fait un certain bruit depuis quelques années, et qui s’est engagée dans l’étude des phénomènes du magnétisme animal, en profitant de la voie tracée par l’école de la Salpêtrière. Nous trouvons donc quelque intérêt à analyser avec soin le nouveau travail de M. Beaunis ; c’est pour nous une occasion de caractériser l’esprit et la méthode de l’école à laquelle il appartient, de comparer les expérimentateurs de Nancy à ceux de la Salpêtrière, et de voir en quoi ils diffèrent. Dès les premiers mots de cette brochure, l’opposition des deux écoles se manifeste, et, à chaque page, elle s’accusera de plus en plus. « Dans ces dernières années, dit M. Beaunis, la question du somnambulisme provoqué est entrée dans une nouvelle phase, grâce aux travaux de Charcot, Richet, Dumontpallier, etc., grâce surtout aux recherches de Liébeault… » Nous soulignons le petit mot « surtout » qui est gros de sous-entendus. Il semblerait que la prétention des expérimentateurs de Nancy est de se rattacher à Liébeault, dont les travaux, datant de 1864, sont bien antérieurs à ceux de Charcot, qui ne remontent qu’à 1878. Cette revendication de priorité vaudrait celle des