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J’en suis d’autant plus heureux que l’occasion m’est par là offerte de corriger un lapsus du typographe dont je ne me suis sans doute pas aperçu sur l’épreuve, et qui m’a sauté aux yeux quand je me suis relu en volume. Il me vaut le reproche assez inattendu de ne pas attacher un sens précis aux termes de catalepsie et de léthargie, lorsque, à plusieurs reprises, notamment p. 146, 150 et 153, je prends la peine de les définir. Je vois que j’ai eu tort de croire que le lecteur réparerait sans peine mon inadvertance. Je rétablis le texte, en rappelant brièvement ce dont il s’agit. « M. Ch… a interdit à B. endormi de se laisser endormir par moi. Sa défense reste sans effet ; B. réveillé s’endort immédiatement à ma parole. Mais, chose curieuse, j’éprouve de la difficulté pour le réveiller. Je m’avise alors de le distraire en parlant de choses et d’autres ; et, à un certain moment, je le réveille sans peine. La scène ayant présenté quelques particularités intéressantes, je juge bon de la recommencer avec une variante. M. Ch… endort B. et lui intime la défense de se laisser réveiller par moi. Mes tentatives échouèrent d’abord… mais j’ai confiance dans l’association des idées. Je caresse B,….. je lui lève les bras, ils retombent ; [il est en léthargie. Je les lui contracture par le geste qui m’est familier ; ][1] il est en catalepsie. À ce moment, je m’écrie : Il est à moi ! En effet, il s’est réveillé à la simple parole. On peut, comme on le voit, détourner l’attention du somnambule. » J’ai remplacé entre crochets la lacune. On voit que ma ruse a consisté tout simplement à faire repasser le sujet par un certain cycle de phénomènes à lui connus et se terminant par le réveil. Telle était l’association des idées sur le pouvoir de laquelle je comptais.

Enfin, page 166, j’ai omis de dire — regardant le détail comme superflu, vu l’en-tête poses cataleptiques — que B. tenait sa jambe en l’air.

Ces rectifications faites, j’aborde les questions qui me sont posées par M. Binet. Mon article y répond d’une manière dubitative, il est vrai. « Il y aurait peut-être, dis-je (p. 170, comp. aussi p. 157), à compléter la démonstration de ma thèse en faisant prendre à J… ou à M… les habitudes des malades de la Salpêtrière, telle que la W… J’ai l’intime conviction qu’il me suffirait de la leur faire voir, ou même simplement de leur raconter ce qui se passe avec elle pour qu’elles l’imitent, sauf peut-être en ce qui a rapport avec l’hyperesthésie neuro-musculaire et les états dimidiés. » Je me sens d’ailleurs incapable de dresser mes sujets — s’ils peuvent être dressés — à reproduire les phénomènes neuro-musculaires si étonnants dont j’ai été le témoin ainsi que M. Masius, parce que je ne suis pas anatomiste. Mais quand on les a obtenus pour la première fois à la Salpêtrière, s’est-on rappelé, a-t-on

  1. Étant à la campagne, j’ai corrigé de mémoire. Voici le texte de mes notes : [il est en léthargie par conséquent. Je l’ai un peu excité ; puis le bras s’est tenu en catalepsie]. Voici maintenant le texte de mon manuscrit : [il est en léthargie. Une légère excitation le met en catalepsie]. Si n’introduis pas cette modification insignifiante dans l’épreuve imprimée, c’est pour ne pas enlever aux observations de M. Binet leur raison d’être.