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que l’on considère comme presque autochthones, vu la prépondérance de l’élément primitif. Des flots nouveaux d’envahisseurs refoulèrent à leur tour ces populations dans les montagnes, et se répandirent dans toute la partie méridionale de la péninsule, amenant une autre série de combinaisons parmi les races. Cette fois, l’union n’ayant plus lieu directement avec les noirs, mais avec les Protodravidiens, donna naissance à des peuples qui s’éloignèrent davantage du type primitif, et que l’on appelle Dravidiens ou Tamouls.

Si donc l’on considère dans ses grands traits l’influence de l’invasion jaune sur les races de l’Inde, on verra que cette influence prédomine au nord, dans la vallée de Brahmapoutre, où se pressèrent sans doute pendant des siècles les multitudes qu’envoyait l’Asie orientale. Les habitants de l’Assam, au nombre de 2,000,000, appartiennent à la race jaune presque absolument pure. Le Bengale, bien qu’offrant une population extrêmement mêlée, garde des traces profondes de ses premières invasions qui durent se répandre sans obstacle dans ses plaines fertiles. À mesure que l’on descend vers le sud, en longeant le golfe du Bengale, on voit l’élément jaune se noyer de plus en plus au sein des antiques couches noires ; cependant il est plus reconnaissable dans les plaines, chez les Sontals, par exemple, que dans les pays montagneux du centre, où les Khonds, les Malers, les Gonds restent plus voisins du type primitif, et où l’on trouverait peut-être encore d’authentiques descendants des négritos des anciens âges.

Enfin, dans l’Inde méridionale, depuis la Godavéry jusqu’au cap Comorin, vivent les nombreuses populations dravidiennes, avec leurs différents groupes, dont les plus importants sont le groupe tamoul et le groupe télégou. Elles représentent le mélange des peuples jaunes avec les nègres, mais auquel vinrent s’ajouter plus tard d’autres éléments encore et surtout l’élément touranien.

Avant de parler des invasions touraniennes venues par l’ouest de l’Inde, et pour en finir avec les races jaunes, disons que les habitants des hauts plateaux de l’Himalaya et des vallées situées entre cette chaîne et le Karakoroum, si l’on en excepte celle de Cachemire, sont des Thibétains, absolument semblables à leurs voisins de la Chine occidentale. Mais ici nous n’avons pas affaire aux résultats d’une invasion violente et soudaine. Ces vallées et ces plateaux font moins partie de l’Inde que du Thibet, au point de vue géographique, et les peuples qui les habitent ont la même origine, les mêmes mœurs, la même religion que ceux de ce dernier pays. Le Ladak, le Dardistan, le pays des Baltis, le Bhoutan et une partie du Népal sont