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vrai qu’un orateur convaincu parvient plus aisément qu’un autre à convaincre son auditoire, s’il est éloquent, de même l’hypnotiseur convaincu de la réussite de sa suggestion, suggestionne mieux son sujet qu’un sceptique, s’il est doué de quelque éloquence, c’est-à-dire s’il a quelque autorité dans l’attitude, le geste, la parole ou le regard. Il résulte de là que nous, médecins, physiologistes ou psychologues, sommes peu aptes à ce genre d’expériences, pour lesquelles le scepticisme scientifique nous nuit dans une certaine mesure. Quant à moi, il m’a semblé que j’avais toujours eu plus de profit à observer à la fois l’hypnotiseur et le sujet qu’à expérimenter par moi-même. Je me suis donc astreint à suivre, pendant des années, à titre de spectateur, divers « cercles magnétiques, sociétés magnétiques », et aussi un grand nombre de réunions où les expériences étaient faites par des gens du monde. J’y ai acquis la conviction que ces gens, qui pourraient être fort dangereux, du reste, si l’on suppose quelques-uns d’entre eux capables de faire de leurs pratiques un criminel usage, sont de bonne foi en ce qui concerne leurs idées sur le magnétisme animal. J’en excepte, bien entendu, ceux qui sont magnétiseurs de profession et qui, se donnant en spectacle au public, s’arrangent toujours de façon à ne manquer aucune expérience. À cette exception près, il n’y a guère plus à tenir compte de la supercherie, dans tous les faits observés, que du « coup de pouce » inconscient donné quelquefois par des hommes d’une bonne foi scientifique incontestable dans des expériences de physiologie ou de pathologie expérimentales. Encore la supercherie vient-elle presque toujours du sujet, et non du magnétiseur. On peut, en somme, affirmer que la majorité des faits servant de base à la doctrine ancienne du magnétisme animal (doctrine qui s’appuie sur des traditions séculaires), est vraie ; l’interprétation de ces faits seule est erronée et basée sur des illusions.

On reconnaîtra peut-être maintenant que j’ai quelques raisons de croire que si les magnétiseurs empiriques réussissent des expériences que d’autres ne peuvent mener à bonne fin, cela tient à leur mode opératoire, et l’on ne s’étonnera pas si je conseille de s’en rapprocher le plus possible, afin d’arriver aux mêmes résultats. Je puis donc, avant d’aller plus loin, indiquer la marche à suivre pour arriver à se placer dans de bonnes conditions expérimentales, avant de tenter des expériences de suggestion mentale. On devra :

1o Choisir un sujet neuf, n’ayant été encore hypnotisé par personne. Peut-être vaut-il mieux qu’il ait été témoin de quelques expériences d’hypnotisme faites sur d’autres, à condition qu’il y ait cru. Cela le disposera favorablement à la suggestion.

2o Acquérir d’abord la confiance du sujet, l’amener soi-même à croire et lui faire répéter par d’autres qu’on est un magnétiseur irrésistible, et en même temps incapable d’abuser de son pouvoir.

3o L’endormir par suggestion (le mode opératoire est indifférent), et