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société de psychologie physiologique

répéter cette manœuvre jusqu’à ce que le sommeil très profond puisse être obtenu instantanément.

4o Le faire passer alors, pendant le sommeil, à l’état somnambulique ; et dès qu’il répondra nettement et sans effort ni hésitation aux questions qu’on lui posera dans cet état, lui faire la suggestion verbale que j’ai appelée plus haut suggestion fondamentale, avant de le réveiller. (Cette suggestion devra, par la suite, être répétée très fréquemment.)

5o Au réveil, prier d’autres personnes d’essayer d’endormir le sujet, afin de voir si la suggestion fondamentale se réalise bien. Afin d’être plus sûr du résultat, j’ai l’habitude d’affirmer encore, préalablement, au sujet réveillé, que personne autre que moi ne réussira à l’endormir.

6o Multiplier ensuite les expériences de suggestion verbale dans les états hypnotiques où elle est possible, en passant des phénomènes somatiques aux phénomènes psychiques et réciproquement, afin de perfectionner de plus en plus l’éducation du sujet. Accroître le plus possible, par suggestion verbale, l’acuité sensorielle du somnambule.

7o On devra alors passer aux suggestions faites à l’état de veille, et réaliser ainsi les divers phénomènes somatiques ou psychiques obtenus précédemment. Le mot « à l’état de veille » est évidemment mauvais : si le sujet est dans son état normal au moment où la suggestion est faite, il est évident qu’il en sort au moment où elle se réalise. Il s’agit là d’un état hypnotique spécial, encore assez mal défini, et si j’emploie cette expression tout en la trouvant mal choisie, c’est que tout le monde s’entend aujourd’hui sur ce qu’elle signifie. Je crois que les expériences de cet ordre ne doivent être entreprises que si l’on a préalablement suggéré au sujet endormi qu’il perdra immédiatement tout souvenir des illusions, hallucinations, et surtout des changements de personnalité qu’on provoquera chez lui à l’état de veille. Sans cette précaution, ces souvenirs se perdent, il est vrai, assez rapidement, mais il m’a semblé qu’après chaque hallucination il restait momentanément au sujet une sorte d’étonnement cérébral particulier qui m’a quelquefois effrayé.

8o Lorsqu’on sera bien maître de son sujet, que son éducation hypnotique sera aussi complète que possible, on lui fera à plusieurs reprises, pendant le sommeil et à l’état de veille, la suggestion à échéances échelonnées que j’ai dit être la cause de l’état dit « rapport magnétique », et l’on s’assurera que cette suggestion à réussi. Je le répète, cet état est le plus souvent le résultat d’une auto-suggestion ; mais on ne devra pas négliger l’emploi de la suggestion pour l’obtenir plus nettement.

Telles sont les manœuvres qui, à mon sens, doivent précéder les tentatives de suggestion mentale. Ce dressage exigera évidemment un temps variable suivant les sujets. Certes, beaucoup d’entre eux ne pourront être amenés à ce point, et, parmi ceux qui y arriveront, il s’en trouvera qui n’obéiront pas à la suggestion mentale. Mais je ne crains pas d’affirmer que beaucoup d’autres, ainsi préparés, seront susceptibles d’y obéir assez souvent. Les deux sujets dont j’ai parlé