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Mais une différence beaucoup plus grande sépare les expériences de la première catégorie de celles de la seconde. En effet, dans ces dernières, il n’y a pas à proprement parler de transfert. Les accidents hystériques se transmettent au sujet hypnotisé, mais persistent avec tous leurs caractères chez les malades qui en sont primitivement atteints.

Toutefois, en répétant un certain nombre de fois ces expériences, on, arriverait peut-être à faire disparaître ces paralysies, et il y aurait là une méthode de traitement. Nous avons observé, en effet, dans un cas, à la suite de deux expériences consécutives, une contracture spontanée d’un membre inférieur s’atténuer notablement. Nous nous proposons, du reste, de poursuivre ces recherches.

Nous ferons remarquer que les faits que nous venons de signaler diffèrent essentiellement de certaines observations déjà anciennes[1] qui démontrent seulement que l’aimant peut agir à distance chez un malade mis en rapport avec un autre malade dont le corps sert de conducteur. Voici, par exemple, une des expériences de MM. Proust et Ballet. « Deux hystériques, l’une hémianesthésique gauche, l’autre hémianesthésique droite, se tiennent par la main ; on applique des aimants à côté de la première ; au bout d’une heure, les deux malades recouvrent la sensibilité générale dans leur côté anesthésié. » — Ces observations n’ont aucune analogie avec les nôtres.

Nous ferons remarquer, en terminant, que nous nous sommes placé dans des conditions telles que toute idée de simulation ou de suggestion doit être absolument écartée.

Il faut noter d’abord que ces expériences ont donné dès le début les mêmes résultats que lorsqu’elles ont été répétées plusieurs fois. Lorsque nous produisions par suggestion chez un sujet un phénomène tel que paralysie ou mutisme que nous nous proposions de soumettre au transfert, l’autre sujet était éloigné de façon à ce qu’il lui fût impossible de savoir ce qui avait été fait, et nous couvrions le premier sujet d’un voile dissimulant complètement les différentes parties de son corps.

Lorsque nous mettions en contact avec les malades atteints de paralysie spontanée une hystérique hypnotisée, nous prenions toutes les précautions nécessaires pour que celle-ci ignorât complètement quel était le malade en rapport avec elle et ne pût savoir de quels accidents il était atteint. Enfin l’aimant a toujours été appliqué à côté du membre supérieur, même lorsqu’il s’agissait de phénomènes localisés dans le membre inférieur[2].

  1. Voir à ce sujet l’ouvrage de Maggiorani : Influenza del magnetismo sur la vita animale, et le travail de MM. Proust et Ballet : l’Action des aimants sur quelques troubles nerveux et spécialement sur les aneshésies, in Journal de thérapeutique, 1879.
  2. Une nouvelle communication sur la transmission de phénomènes nerveux d’un sujet à un autre sujet, a été faite par M. Babinski à la Société de biologie (séance du 6 novembre 1886).