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ANALYSES.a. baréty. Magnétisme animal.

Les combinaisons de ces deux éléments, c’est-à-dire les différentes actions de la force neurique et les diverses régions du corps du sujet, donnent lieu à une quantité de phénomènes intéressants que l’auteur a décrits avec la dernière précision. Nous ne pouvons en signaler que quelques-uns. « Lorsqu’avec un doigt ou plusieurs, on vient à viser à la distance de quelques centimètres un point du corps, la sensibilité cutanée disparaît au point visé, la région homologue de l’autre côté a également perdu la sensibilité. Cette anesthésie produite par les radiations fixes des mains peut aussi porter sur des sens spéciaux, l’œil ou l’oreille, le souffle au contraire hyperesthésie le point du corps sur lequel il porte ou détruit l’anesthésie précédente. Des modifications musculaires comme la contracture sont produites et supprimées de la même manière que l’anesthésie. »

Les passes faites devant le corps du sujet semblent avoir une action puissante, ainsi que tous ceux qui s’occupent de somnambulisme en sont convaincus. M. Baréty essaye d’analyser cette action. Des passes faites devant le tronc provoquent l’anesthésie si elles sont descendantes, et l’hyperesthésie si elles sont ascendantes. Ce fait explique peut-être la direction des passes que les magnétiseurs ont toujours employées pour endormir ou pour réveiller. L’auteur croit pouvoir résumer les faits qu’il a observés dans cette loi : « les passes employées dans le sens de la direction des nerfs sont anesthésiantes et contracturantes, et faites dans le sens opposé, elles sont désanesthésiantes et décontracturantes et ainsi hyperesthésiantes » (p. 266). Cette anesthésie d’ailleurs se localise régulièrement sur le corps et toute modification d’un côté produit de l’autre une modification inverse.

Si on se contente de placer près du sujet un corps traversé par un courant neurique, on observe des faits analogues : « quand deux régions sont en opposition, il y a anesthésie si les nerfs sensitifs des deux régions opposées se distribuent dans le même sens, et hyperesthésie si les nerfs des deux régions se distribuent en sens inverse ». C’est ainsi que M. Baréty explique le trouble et quelquefois le sommeil qui se produit chez un sujet par la seule présence de son magnétiseur.

L’auteur étudie ensuite certains phénomènes fort connus dans l’ancien magnétisme, sous le nom de phénomènes de la chaîne et de l’eau magnétisée. Ils consistent l’un et l’autre à produire l’action neurique sur le sujet, non plus directement, mais au moyen de certains intermédiaires. Dans un cas, les intermédiaires sont d’autres personnes qui se tiennent par la main, de manière à former une chaîne et la première n’obtient une action sur le sujet que si la dernière est en contact avec le magnétiseur. Cette expérience très ancienne a déjà été variée de bien des façons ; il serait très intéressant de l’étudier une fois scientifiquement. La seconde expérience consiste, comme on sait, à présenter au sujet des objets que le magnétiseur a touchés quelque temps : ces objets exercent sur lui une action toute particulière. C’est la première fois que depuis le début des études hypnotiques, on étudie de nouveau cette