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ANALYSES.g. ladd. Psychologie physiologique.

question d’étymologie ; par origine du langage, on comprend en général aujourd’hui autre chose que la signification des premiers mots (voir, par exemple, la théorie de l’origine réflexe du langage dans Wundt, Psychologie, Steinthal, Abriss, Paul, Principien). Ensuite, M. M. n’a trop vu dans le langage que le côté psychique. Le langage est pourtant bien aussi quelque chose de matériel ; c’est même à peu près exclusivement comme fait matériel qu’il est étudié par la linguistique actuelle. C’est en faisant abstraction de ce côté matériel qu’on arrive à omettre cette partie importante de la question de l’origine du langage qui consisterait à se demander comment l’homme a pu articuler ses séries de voyelles et de consonnes. M. M. objecterait que le langage n’est pas un composé de sons, mais une union impossible à rompre de sons et de pensées. Pourquoi impossible à rompre ? M. M. la rompt bien lui-même en distinguant au commencement les noms et les concepts. Il ajoute, il est vrai, que c’est là une distinction théorique ; mais où sont les distinctions théoriques qui ne reposent pas en dernier lieu sur des distinctions réelles ? C’est en se cantonnant précisément dans l’observation matérielle du langage que la linguistique contemporaine est arrivée : 1o à découvrir de très intéressantes lois phonétiques ; 2o à poser, entre autres, cette conclusion philosophique dont le désaccord avec celles de M. M. est évident : Les changements de forme matérielle des mots se produisent à peu près sans égard à la signification. Et il en est de même probablement pour la plupart des changements syntaxiques. D’autre part, c’est un fait d’observation courante que la signification des mots peut changer sans que la forme de ces mots soit modifiée en aucune façon.

B. Bourdon.

G. Ladd. Elements of physiological Psychology : a Treatise of the activities and nature of Mind, from physical and experimental Point of view. In-80, London. Longmans. 696 pp..

Dans ce volumineux ouvrage, M. Ladd, professeur de philosophie à Yale College (États-Unis), s’est proposé de présenter aux lecteurs anglais un résumé aussi complet que possible des recherches et des résultats de la psychologie physiologique. Il fait remarquer que, depuis la publication du grand ouvrage de Wundt qui porte ce titre, aucun travail d’ensemble n’a été tenté, tandis que le nombre des monographies est devenu considérable.

Dans son Introduction (14 pages) l’auteur marque assez clairement sa position, en même temps qu’il s’attache à déterminer le but et la méthode de la psychologie physiologique. Il entend se tenir à égale distance des deux parties adverses : d’une part, ceux qui célèbrent outre mesure les résultats de la psychologie nouvelle et en annoncent de plus beaux pour l’avenir ; d’autre part, ceux qui craignent ou dépré-