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ESPINAS.l’évolution mentale chez les animaux

facultés doit nécessairement favoriser chez l’autre un progrès correspondant. Cependant il y a un moment, observe finement l’auteur, où cette connexion est rompue. Dès que l’être vivant est capable de concevoir des relations avec quelque netteté, il invente des outils, et dès lors le développement des appareils musculaires, devenant inutile, fait place au développement des combinaisons mentales par lesquelles l’invention et le perfectionnement des instruments sont assurés. Il y a encore progrès dans la coordination nerveuse, mais la coordination

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musculaire s’arrête dans son évolution. Peut-être cette vue, très ingénieuse sans doute, n’est-elle pas entièrement juste. D’abord les « coordinations nerveuses » qui servent au progrès des outils et en général des arts utiles, des pratiques de toutes sortes en un mot, sont des coordinations de phénomènes nerveux objectivement centrifuges, subjectivement volontaires, et chacun de ces phénomènes est la représentation de moyens, c’est-à-dire de divers groupes de mouvements organiques, subordonnés à une fin qui n’est autre chose elle-même qu’un effet mécanique, qu’une transformation matérielle du milieu. Ensuite, pour l’emploi des outils, des ajuste-