Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
ANALYSES.b. munz. Questions de vie et de monde.

M. Mac Cosh décrit plus qu’il n’analyse, et ces descriptions mêmes ne sortent guère des données de l’expérience la plus commune. On peut, je crois, faire sortir quelque chose des faits les plus vulgaires, mais c’est en prenant la peine de les analyser avec beaucoup plus de minutie et de précision que ne le fait l’auteur.

Le livre deuxième est consacré à la classification et à la description des émotions. M. Mac Cosh propose de déterminer la classification des émotions d’après la nature de l’idée qui les accompagne. « Le fait que dans tout sentiment, nous avons une idée des objets comme désirables ou non désirables donne une ligne qui divise notre nature émotionnelle comme est divisé le corps humain en deux côtés parallèles et symétriques. Toutefois cette classification, assez sommaire en effet, paraît insuffisante à M. Mac Cosh ; il cherche d’autres principes de classification. On peut par exemple partager les émotions en deux groupes selon que l’idée qui en est un des éléments est celle d’objets animés ou inanimés ; une autre distinction est celle des sentiments égoïstes et des sentiments altruistes, mais l’auteur n’étant pas satisfait encore trouve un nouveau principe directeur dans le temps et considère les idées comme se rapportant au passé, au présent et à l’avenir ; il obtient ainsi ce qu’il appelle avec Th. Brown : « retrospective, immediate, and prospective emotion ».

Les chapitres suivants sont consacrés à la description des émotions. L’auteur y considère d’abord les émotions qui ont rapport à des objets animés, et qu’il subdivise selon qu’elles se rapportent au passé, au présent ou à l’avenir, puis les émotions se rapportant à des objets inanimés qu’il ne subdivise plus de la même manière, enfin les émotions continues, « affections et passions ».

Les classifications de M. Mac Cosh ont le tort d’être très artificielles ; de plus elles ne réussissent même pas à réunir les sentiments dans des compartiments distincts et appropriés. Prenons par exemple un sentiment quelconque, la jalousie : il peut se rapporter à des choses passées, à des choses présentes, à des choses futures ; faut-il le couper en trois et l’examiner successivement dans trois chapitres ? Cela ne paraît guère justifiable, mais il ne paraît pas qu’il le soit davantage de l’étudier seulement dans un des trois. De même pour la colère, pour la bienveillance, pour tous les sentiments fort nombreux qui peuvent être éveillés par des événements actuels, des souvenirs ou représentations d’un avenir possible. De même la classification en sentiments agréables ou pénibles ne correspond pas à grand chose. La haine, l’amour peuvent faire éprouver des émotions délicieuses ou pénibles : n’est-ce point toujours la même passion ? C’est au moins un point qui aurait besoin d’être étudié et analysé, si l’on veut arriver ensuite à une synthèse vraiment scientifique.

M. Mac Cosh termine la première partie de son ouvrage par des réflexions dont quelques-unes sont fort judicieuses sur le rôle moral des émotions. Nous apprenons ainsi que les émotions doivent être