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dans certains cas l’arrêter. Voici donc un réflexe qui est involontaire et qui peut cependant être empêché par la volonté. Par conséquent, quand il se manifeste, il est en quelque sorte autorisé par la volonté.

Mais un mouvement qui peut être empêché par la volonté n’est pas pour cela volontaire. Ce qui importe, c’est la cause même, volonté ou non volonté, de ce mouvement. Que la volonté puisse ou non arrêter l’éternuement, ce n’est pas cette condition particulière qui va déterminer sa nature réflexe ou volontaire. Ce qui lui donne l’un ou l’autre de ces deux caractères, c’est son mobile, qui est, dans un cas, un phénomène extérieur (une excitation périphérique, comme par exemple le chatouillement des narines), dans l’autre cas, un phénomène intérieur, psychologique, dont la nature est extrêmement complexe, mais auquel nous donnons le nom de volonté, expression très simple, parfaitement comprise par tout le monde, et accessible à la conscience de chacun.

Ainsi un phénomène, non voulu, mais pouvant être arrêté par la volonté, n’en est pas moins un phénomène réflexe. En étudiant les réflexes psychiques que la volonté peut très facilement arrêter, et qu’elle a même besoin d’aider et de faciliter, nous verrons qu’on peut à peine saisir la limite entre les actes voulus et les actes non voulus. Mais nous ne cherchons ici qu’à faire l’étude sommaire et la définition des actes réflexes simples. Nous n’entrerons que plus tard dans une discussion plus approfondie et dans une classification méthodique.

Le second élément d’un acte réflexe, c’est la soudaineté du mouvement qui succède à l’irritation périphérique. Ici nous nous heurtons à une difficulté qui se présente chaque fois qu’il est question d’évaluer les temps. Toute mesure absolue est impossible.

En général un réflexe succède à l’irritation après un espace de temps qui est, d’après Wundt et Rosenthal, à peu près d’un quart de seconde. Certains mouvements très lents peuvent cependant ne survenir qu’au bout de 1, de 2, de 3 secondes, et même beaucoup plus, comme sont par exemple les constrictions réflexes des capillaires, et les actions vaso-motrices réflexes, partant d’un membre pour retentir sur le membre du côté opposé. Il est impossible d’assigner une durée précise à ces phénomènes très lents ; mais on ne sera pas loin de la vérité en admettant, pour les plus tardifs des réflexes, une durée maximum de deux minutes. De sorte que si, sans qu’aucune excitation périphérique ait eu lieu depuis deux minutes, un mouvement se produit, ce mouvement ne sera plus réflexe,