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RICHET.les réflexes psychiques

mais spontané (quelle que soit l’hypothèse qu’on adopte sur la nature essentielle de cette spontanéité).

À vrai dire, ces longues durées de deux minutes d’intervalle entre l’excitation et la réponse sont des exceptions, et le plus souvent la réponse succède à l’excitation moins d’une seconde après l’excitation.

Le troisième élément qui caractérise l’acte réflexe, c’est la nécessité d’une excitation périphérique. (Nous appelons périphérique toute excitation des nerfs sensitifs, viscéraux ou cutanés, qui n’est pas une excitation directe des centres nerveux encéphalo-médullaires.)

Par là nous éliminons les actions motrices dont le point de départ est dans la moelle épinière elle-même, comme la respiration et les mouvements du cœur. Quand la stimulation est une stimulation directe, mécanique, chimique ou physique des centres nerveux, l’acte n’est plus réflexe, mais automatique, suivant la définition de J. Müller. Ainsi la respiration, dont le mobile est dans le bulbe, et qui n’est pas stimulée par les excitations périphériques, n’est pas un phénomène réflexe, comme on le dit souvent à tort, mais un phénomène automatique. Le bulbe commande les respirations, sans y être stimulé par un excitant périphérique.

Tels sont donc les trois caractères de l’acte réflexe :

1o Il n’est pas produit par la volonté.

2o Il succède à l’excitation périphérique d’un nerf sensible.

3o Il succède immédiatement à une excitation périphérique.

On doit remarquer que nous n’avons pas introduit le phénomène conscience. En effet il n’importe pas que la conscience accompagne ou non le mouvement réflexe. Qu’il y ait ou non conscience quand il se produit, il n’en sera ni plus ni moins réflexe.

La conscience d’un réflexe dépend de la nature des nerfs, soit sensitifs, soit moteurs, qui entrent en jeu dans ce réflexe. Ainsi, quand la conjonctive est irritée par un corps étranger, et que la paupière se ferme (clignement réflexe), aussitôt les deux termes dont se compose ce réflexe sont perçus par la conscience : car, d’une part, la conjonctive est sensible, et, d’autre part, le mouvement de l’orbiculaire est un mouvement perçu par les centres nerveux conscients, grâce au sens musculaire, de sorte que les deux termes de l’acte réflexe (excitation sensible et mouvement) sont tous les deux conscients.

Quelquefois un seul terme est conscient. Ainsi, quand une lumière vive frappe la rétine, et que l’iris se contracte, l’excitation lumineuse