Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
revue philosophique

de l’avenir, dans quelle direction elle trouverait ses principes et quel profit elle tirerait du travail de M. Azam. Nous ne voulons pas répéter ici ce qu’il a si bien dit, mais seulement exposer quelques réflexions qui tendent au même but et que le même ouvrage nous a suggérées.

La première partie, qui traite du caractère de l’homme à l’état de santé, et qui est la plus étendue, comprend trois divisions, que j’intitulerais ainsi, changeant quelque peu les termes adoptés par l’auteur ; part de chacune des trois facultés de l’âme dans le caractère individuel ; — analyse des qualités élémentaires qui sont comme les composants des différents caractères ; — causes internes ou externes des caractères. La seconde partie, qui traite du caractère dans la maladie, pourrait être aisément rattachée à cette troisième division, les maladies étant des causes perturbatrices du caractère normal, celles qui sont chroniques, comme l’hystérie (pp. 204-205), étant même des causes permanentes d’un certain caractère permanent.

Restent donc, en définitive, trois divisions, qui paraissent bonnes à conserver, à la condition d’établir entre elles les transitions logiques que M. Azam a trop négligé d’indiquer et qui ressortiront, je l’espère, des considérations qui vont suivre.

La seconde division est intitulée par M. Azam : « Les variétés du caractère » ; les « caractères » y sont subdivisés en bons caractères, mauvais caractères, et caractères indifférents ou « qui sont bons ou mauvais suivant les circonstances ». C’est la partie de l’ouvrage la plus patiemment étudiée (pp. 58-141) ; l’auteur y fait preuve d’une grande finesse d’analyse en un genre où il a eu, ce me semble, des précurseurs dans les auteurs de Dictionnaires des synonymes, particulièrement dans le plus ancien, qui est du xviie siècle et qui a mérité d être comparé à La Bruyère. Il n’est guère de terme de la langue française exprimant un mode de caractère qui ne soit défini avec une sobriété élégante par M. Azam et comparé aux termes dont le sens est analogue ou opposé. Il semble que l’auteur se soit aidé pour ce travail d’un de ces livres trop peu consultés où les mots sont classés par le sens (comme le Panorama des mots de A. de Ponton d’Amécourt, 1853, et le Dictionnaire idéologique de Robertson, 1859) ; la langue française comprend, en effet, l’expression d’un très grand nombre de concepts psychologiques qui sont restés étrangers jusqu’à présent à la psychologie savante et que celle-ci doit prendre à lâche de s’assimiler. Mais l’envie, la jalousie, la gaieté, l’entrain, etc., sont-ce là des « caractères » à proprement parler ? Non ; ce sont de simples qualités ; ces qualités, étant pour la plupart des principes de bonheur ou de malheur pour nous-mêmes ou pour nos semblables, peuvent être appelées, dans le premier cas, vertus ou bonnes qualités, c’est à-dire qualités, au sens étroit et favorable du mot, dans le second, défauts ou vices ; mais ni un vice ni une vertu ne constitue à soi seul un caractère, à moins que ce vice ou cette vertu ne prédomine dans l’âme au point de la rendre esclave et de diriger d’une manière irrésistible l’activité tout entière : mais