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ANALYSES.azam. Le caractère dans la santé, etc.

alors la qualité maîtresse a dû entraîner par voie de conséquence l’apparition d’autres qualités en accord avec elle et subordonnées à elle ; ensuite, tous les hommes n’ont pas une qualité maîtresse et dominante ; il est beaucoup de natures pondérées, dont le caractère est constitué par un ensemble de qualités concordantes sans qu’aucune de ces qualités ait sur les autres une suprématie évidente, une sorte de pouvoir directeur et tyrannique ; il est aussi des natures complexes, des caractères composés de qualités en apparence discordantes et dont le lien, s’il existe, est mystérieux. Ainsi, un caractère bon ou mauvais est un caractère constitué principalement par des qualités soit bonnes, soit mauvaises ; une qualité, même dominante, ne suffit jamais pour constituer un caractère ; un caractère est toujours un ensemble, un groupe de qualités, et les qualités ne sont que les éléments des caractères. Ce chapitre de M. Azam est donc vicié par une fausse dénomination.

Ces qualités, d’ailleurs, ne sont autre chose que les modes individuels des phénomènes psychiques communs à tous les hommes, c’est-à-dire de ce qu’on est convenu d’appeler les facultés de l’âme. Si l’on y regarde de près, les qualités si patiemment étudiées par notre auteur sont des modes soit de l’intelligence, soit du sentiment, soit de la volonté. La première division du travail de M. Azam prépare donc réellement la seconde, malgré son titre un peu vague : « Variations du caractère, d’après la volonté, d’après la sensibilité, d’après l’intelligence. » On voit, en effet, si l’on veut procéder par division sur l’idée des facultés de l’âme, les concepts des qualités bonnes, mauvaises ou neutres, se présenter d’eux-mêmes à l’esprit et se multiplier presque indéfiniment.

Ainsi, en ce qui concerne la volonté (pp. 42-48), M. Azam distingue, avec le langage ordinaire, le caractère ferme et le caractère faible. Mais on peut distinguer ici trois types : l’homme personnel, entier, entêté, contredisant, qui ne se décide que par lui-même ; l’esprit docile, aisément suggestible, accessible aux conseils d’autrui ; enfin le caractère mou, indécis, irrésolu, l’homme qui ne se décide pas. Être faible, c’est, en général, être indécis, car on peut se montrer très ferme dans l’exécution de l’ordre ou du conseil d’autrui ; ce genre de fermeté est la qualité propre du bon sous-officier et des hommes que, dans l’industrie ou dans l’administration, on appelle des « instruments précieux » ; la docilité n’est faiblesse que dans un cas, quand un homme se décide sans conviction, « pour en finir », pour échapper à l’oppression que lui causent les conseils qu’il reçoit et auxquels son esprit ne cesse d’opposer des objections ; mais est-ce là la véritable docilité ? nullement ; c’est l’indécision morale suivie d’une action en quelque sorte impersonnelle ; dans le caractère docile, l’esprit se laisse persuader d’abord, la volonté obéit en conséquence. — Ensuite, parmi les caractères décidés, résolus, parmi les hommes qui savent agir, soit selon leurs vues personnelles, soit sur l’avis d’autrui, il faut distinguer ceux qui sont fermes