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propre de la substance corticale doit être considérée comme démontrée par un ensemble de faits qui tous prouvent que les réactions, consécutives aux excitations de l’écorce cérébrale, présentent des caractères particuliers ; il est donc inexact et illogique de chercher à assimiler ces réactions à celles qui dépendent de l’irritation de la substance blanche sous-jacente. Tel est essentiellement, sur ce point, le raisonnement de l’auteur ; on le réfuterait malaisément, ce me semble.

D’autre part, il est également nécessaire d’admettre qu’il existe une zone cérébrale en rapport direct avec les fonctions motrices ; non seulement M. François-Franck, à l’appui de cette opinion comme dans la question précédente, a apporté des preuves expérimentales nouvelles et importantes, mais encore il a soumis la thèse opposée à une critique aussi forte qu’ingénieuse.

Mais il ne suffit pas de savoir qu’il existe une « zone motrice » ; la nature du rapport entre cette région cérébrale et les fonctions motrices doit être rendue précise. Telle est la deuxième question théorique que l’auteur a examinée. S’agit-il vraiment d’organes cérébraux constituant des centres d’élaboration du mouvement volontaire ? s’agit-il vraiment de centres psycho-moteurs, comme on a d’abord appelé ces régions ? ou bien les circonvolutions excitables ne jouent-elles qu’un rôle analogue à celui des surfaces sensibles, et les réactions consécutives à leur irritation doivent-elles être assimilées à de simples mouvements réflexes ? M. François-Franck s’attache à prouver l’inexactitude ou l’insuffisance des diverses interprétations proposées, montrant successivement qu’on ne peut considérer ces régions excitables de l’écorce comme de véritables centres moteurs, ou comme des centres sensitifs, ou comme à la fois moteurs et sensitifs, ou comme servant seulement de lieu de passage aux excitations venues d’ailleurs, ou comme n’agissant que par un mécanisme dynamogénique ou inhibitoire, suivant les cas. Puis l’auteur arrive à une conception nouvelle, à savoir que l’écorce du cerveau se comporte comme une surface sensible, dont l’excitation provoque des réactions diverses, soumises à des conditions variées, que nous pouvons déterminer dans un certain nombre de cas ; les rapports sont en effet très étroits entre les réactions qui dépendent des excitations périphériques (des divers appareils sensibles) et les réactions produites par les excitations corticales. « Si l’on remplace la conception évidemment trop étroite des centres moteurs par celle des territoires corticaux excitables, réagissant à la manière des surfaces sensibles périphériques ; si l’on admet que ces régions représentent des points de départ et non des centres de mouvement, on aura réalisé un premier progrès. Dans cette manière de voir qui assimile les réactions corticales aux réactions réflexes on rend compte de la multiplicité des effets moteurs volontaires (mouvements simples et convulsifs) aussi bien que de la variété des réactions organiques ; mais il faut conserver cette notion que le territoire excitable est subdivisible en territoires secondaires, spécialisés, en rapport avec les mouvements volontaires, tandis que l’excita-