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ANALYSES.f. franck. Fonctions motrices du cerveau.

gent pour les philosophes du fait, les positivistes, à l’égard desquels il est franchement un peu dur.

La recherche désintéressée et personnelle est évidemment légitime ; mais il faut bien avouer qu’une connaissance un peu approfondie des philosophies de Hume et de Kant par exemple aurait pu modifier sur quelques points les vues de l’écrivain. Peut-être aussi la Critique du jugement lui aurait-elle montré que son idée de l’évolution morale de l’univers n’est pas absolument originale ; enfin, en remontant plus haut encore dans l’étude des systèmes, il aurait pu trouver que la morale qu’il préconise, « celle de la subordination absolue de l’individualité aux lois de la Nature universelle », date des stoïciens.

On ne peut néanmoins méconnaître qu’il y a, dans l’ouvrage qui nous occupe, nombre d’aperçus originaux, quelquefois suffisamment justifiés, mais, en se préoccupant davantage de ce qui a été pensé sur les nombreux points qu’il traite, l’auteur aurait pu prévoir bien des objections et éviter de refaire des théories déjà faites. Le doute et l’ignorance méthodique, possibles à l’époque de Descartes, nous paraissent aujourd’hui un peu hors de saison.

Georges Rodier.

François-Franck. Leçons sur les fonctions motrices du cerveau, 1 vol.  in-8o, 569 p. O. Doin, Paris, 1887.

Quelque intéressants que soient les faits étudiés dans cet important ouvrage, il convient plutôt de signaler celui-ci aux lecteurs de la Revue pour les idées générales et les théories qui y sont exposées. M. François-Franck est surtout et avant tout un physiologiste expérimentateur ; il ne se dérobe pourtant pas devant les questions doctrinales ; il les traite brièvement, il est vrai, mais avec la clarté et la netteté qui sont le propre de tout ce qu’il écrit.

Les questions théoriques examinées de près par l’auteur sont au nombre de trois : l’excitabilité propre de l’écorce cérébrale, la nature fonctionnelle des régions excitables du cerveau, les localisations motrices dans le cerveau. De ces trois questions, la première et la dernière sont plus particulièrement d’ordre physiologique ; la deuxième peut davantage intéresser les psychologues.

Les physiologistes, depuis ces dix-sept dernières années surtout, ont beaucoup discuté pour savoir si la couche de substance grise qui se trouve à la surface de la masse encéphalique est ou non excitable ; beaucoup ont soutenu que les divers effets organiques, observés à la suite des excitations portées sur cette région, tiennent simplement à l’irritation de la substance blanche sous-jacente. On voit par conséquent quel lien étroit relie cette question à celle même des localisations motrices, c’est-à-dire à la question de savoir s’il existe réellement dans cette substance grise corticale des points qui constituent des centres de mouvements pour telle ou telle partie déterminée du corps. Or, l’excitabilité