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volontairement, les yeux ouverts, avec ce membre, une position donnée, pendant un temps extrêmement long (ainsi Hab… peut garder volontairement le bras levé pendant une heure.) Cette puissance motrice est d’autant plus curieuse qu’elle se manifeste dans un côté du corps qui est anesthésique. — 2o Les mouvements inconscients. Ces phénomènes ont été observés comme les précédents chez les sujets hémianesthésiques ou anesthésiques totaux. Les yeux des sujets étaient couverts avec un bandeau. Les auteurs ont constaté que, si l’on provoque dans le membre anesthésique une contraction faradique, un mouvement réflexe, ou un mouvement passif de déplacement, ces diverses espèces de mouvement se répètent un certain nombre de fois, sans que le sujet ait conscience du mouvement et de la répétition, ce qui se comprend, puisque l’expérience porte sur un membre anesthésique. On peut observer encore la répétition inconsciente de mouvements graphiques passifs, la répétition inconsciente de mouvements volontaires, la production spontanée de mouvements inconscients d’adaptation, la traduction inconsciente d’états de conscience, et enfin la spontanéité de récriture inconsciente et automatique. Toutes ces expériences présentent une garantie contre la simulation ; c’est que les phénomènes en cause sont provoqués dans les membres anesthésiques des sujets. — 3o La bilatéralité de certains phénomènes moteurs. Chez beaucoup de sujets, toute modification motrice provoquée dans une moitié du corps tend à produire une modification analogue dans le point symétrique de l’autre moitié. Il en est ainsi notamment pour les contractures, les contractions faradiques, les mouvements réflexes, les mouvements volontaires, etc. Les paralysies paraissent faire exception à la règle. — 4o Les mouvements volontaires exécutés par les membres anesthésiques. Les auteurs ont fait à ce sujet deux observations principales : d’abord c’est que, chez la majorité des sujets, les mouvements volontaires, même ceux de l’écriture, sont conservés dans les membres anesthésiques, après la fermeture des yeux ; — ensuite, c’est que ces mouvements sont inconscients ; le sujet a bien conscience qu’il veut faire tel acte, écrire par exemple telle lettre, mais il ne se sent pas exécutant le mouvement, et par conséquent il ignore quand le mouvement commence, quand il est terminé, et si on s*oppose à son exécution (les sujets ont, bien entendu, les yeux fermés). Cette ignorance où sont les sujets du mouvement qu’ils exécutent volontairement prouve qu’ils ne sont pas dirigés par la conscience de la décharge motrice, comme quelques auteurs l’ont prétendu. Ce qui guide leurs mouvements quand ils ont les yeux fermés, c’est la représentation visuelle qu’ils ont du mouvement à exécuter. On voit que ces expériences sont importantes pour la théorie du sens musculaire.

En terminant, les auteurs rappellent des expériences anciennes de Bell, de Duchenne (de Boulogne), montrant que, chez quelques hystériques, la suspension de la vision produit l’abolition des mouvements volontaires dans les membres anesthésiques. Les auteurs ont pu reproduire ces phénomènes chez un certain nombre de sujets ; sans en donner