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d’insectes et les annélides. « C’est chez les mollusques que nous rencontrons sans doute possible pour la première fois la faculté de s’instruire par l’expérience individuelle. C’est pourquoi j’ai placé cette catégorie d’animaux au niveau suivant où se rencontre pour la première fois la faculté d’association par contiguïté… » Puis, nous en venons aux insectes et aux araignées, correspondant au niveau où se rencontrent la reconnaissance de la progéniture et la naissance des instincts secondaires (niveau 20). Ainsi, dès les insectes, les instincts secondaires, c’est-à-dire les adaptations intelligentes, apparaissent d’une manière « indubitable », fait significatif et bien favorable aux vues que nous avons exprimées plus haut. On trouve au niveau 21 les poissons et les batraciens (association par similitude) ; au niveau 22, les crustacés supérieurs ; — « c’est là, dit M. Romanes, que j’ai fixé la naissance de la raison, et l’animal le plus inférieur, psychologiquement parlant, chez lequel j’ai rencontré quelque rudiment de cette faculté, est le crabe ; » — au niveau 23, les reptiles et les céphalopodes (reconnaissance des personnes) ; au niveau 24, les hyménoptères, avec la faculté de communiquer des idées, « qui existe sans aucun doute chez les abeilles et les fourmis » ; plus haut les oiseaux, qui peuvent rêver, reconnaissent le sujet d’une image et comprennent des mots ; plus haut les rongeurs et les carnassiers (le chien excepté), chez qui se manifeste la faculté de comprendre des mécanismes simples ; plus haut, les singes, l’éléphant, qui font usage d’instruments ; enfin les singes anthropoïdes et le chien, qui montrent des vestiges de moralité. Ce tableau soulèverait tout un monde d’observations que nous devons nous interdire, ayant voulu nous placer au point de vue le plus général.

La psychologie a été à un certain moment encombrée de vues systématiques ; elle est revenue à l’observation et à l’expérience ; elle a bien fait ; mais le moment est arrivé pour elle de s’élever un peu au-dessus des matériaux accumulés pour les disposer selon des vues d’ensemble. Wundt et Schneider en Allemagne ont donné de bons spécimens de psychologie systématique à la fois et empirique. M. Romanes, dont la richesse et la sûreté d’informations sont incomparables, laisse peut-être à regretter pour l’ordonnance et la simplicité des conceptions sous lesquelles les faits recueillis sont embrassés. Aussi les parties les plus attrayantes de l’ouvrage sont-elles celles où il aborde de plus près les faits eux-mêmes comme dans le chapitre intitulé : « Cas particulièrement difficiles à l’égard de la théorie précédente sur l’origine et le développement des instincts ». Là se trouvent des paragraphes extrêmement instructifs dont aucune analyse ne peut donner une idée : Instincts similaires chez des animaux sans