Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
415
RICHET.les réflexes psychiques

perception se fasse, alors par conséquent que le réflexe ne peut pas être psychique.

Enfin, dans la plupart des cas, l’érection est un phénomène psychique, en ce sens que les irritations périphériques n’auraient aucune valeur en elle-même, si elles n’étaient accompagnées d’une idéation érotique. Telle odeur, telle parole, tel spectacle, tel contact peuvent provoquer l’érection ; alors que ces mêmes excitations, envisagées comme excitations brutes, seraient tout à fait impuissantes à l’’amener. Elles ne deviennent efficaces que parce qu’elles sont, dans l’intelligence inconsciente, élaborées de manière à faire naître l’idée érotique et par conséquent l’érection.

Chaque fois qu’une excitation sensible produit une émotion quelconque, il y a aussitôt réaction non seulement d’un des appareils organiques, mais de tous les appareils organiques simultanément. La vibration nerveuse ne se transmet pas seulement au cœur, mais au rythme respiratoire, à l’iris, aux capillaires, aux glandes, aux muscles annexés aux glandes, etc., si bien que, sous l’influence d’une émotion, quelle qu’elle soit, l’être réagit tout entier. C’est là à vrai dire le rôle principal du système nerveux. Il établit une relation entre les divers organes. Il fait que le cœur, l’iris, l’intestin, l’estomac, les capillaires périphériques, subissant la même influence excitatrice venue du cerveau, ont des mouvements synergiques. L’ébranlement de la moelle par l’émotion cérébrale se répercute sur tous les viscères. Que le dégoût, la frayeur, la douleur ou l’amour nous émeuvent, et tout notre organisme en ressentira l’effet. Il y aura peut-être un certain degré de localisation, qui fera que le cœur sera, pour telle émotion, plus troublé que l’intestin, et que, pour telle autre émotion, les conduits biliaires se contracteront plus que les capillaires de la face. Mais, en général, le retentissement de l’émotion sera universel, et s’étendra à tous les appareils de la vie végétative.

En un mot, les réflexes psychiques viscéraux ne sont pas simples et localisés, ils sont presque toujours irradiés et harmoniques.

Pour les émotions puissantes, violentes, cela n’est pas contestable : mais cela est vrai aussi pour les émotions plus faibles. Il n’est, pas besoin d’une frayeur intense pour que le rythme cardiaque soit modifié. La moindre émotion change le rythme cardiaque et la pression du sang dans les artères. — Les ingénieuses expériences de M. Mosso sont trop connues pour qu’il soit nécessaire de les rapporter en détail. — Le rythme respiratoire est, comme le cœur, soumis à des variations considérables sous l’influence des plus petites émotions sensorielles. Bref, toutes les émotions, grandes ou petites, fortes ou légères, modifient l’état de nos viscères.